L'EPHE - PSL accueille Houmam Saad

C’est le troisième chercheur que l’EPHE - PSL protège des persécutions depuis 2022. Il figure parmi soixante-dix autres scientifiques et artistes en exil soutenus (à 60%) par le programme PAUSE en 2025 (170 en 2024).

Début mars dernier, une flambée de violence avait en effet conduit au massacre de plus de 1 500 Alaouites en Syrie (sur une quarantaine de sites selon Reuters ) considérés à tort comme proches du régime. La famille de Houmam Saad n’a pas été épargnée par cette tragédie. En outre, ses efforts pour protéger le patrimoine syrien en péril ont doublement fait de lui une cible. Aussi, l’EPHE - PSL a-t-elle entrepris en avril dernier de mettre à l’abri Monsieur Saad, sa femme et ses deux fils.

L’EPHE, tout au long du chemin

Houmam Saad partage déjà une longue histoire avec l’École Pratique des Hautes Études. Elle commence en 2008 lors d’une mission à Damas codirigée par Jean-Michel MOUTON, directeur d’études à l’EPHE - PSL (section des Sciences historiques et philologiques).

« Je ne connaissais pas l’EPHE avant 2008 et ma rencontre avec Jean-Michel à Damas. A l’époque, je n’avais pas trouvé sur Internet de traduction en arabe pour « École Pratique des Hautes Études ». Je comprenais bien qu’elle relevait de l’enseignement supérieur, mais c’est la parfaite connaissance que Jean-Michel Mouton a de la langue arabe et des sources arabes islamiques qui m’ont fait réaliser toute l’excellence de l’École pratique ; il connaissait même des sources inconnues des Syriens ! J’ai finalement assisté à ses cours sans m’inscrire et nous sommes devenus très proches. C’est ce qui m’a donné l’envie de faire un Master à l’EPHE - PSL pour approfondir ma connaissance de l’Islamologie à Damas ».

Ce Master, dont le mémoire portait sur « les stèles funéraires du cimetière des Soufis à Damas », Houmam Saad l’a achevé en 2016. Avant cela, il avait déjà obtenu le diplôme international d’études patrimoniales (INP-Paris en 2012) puis soutenu une thèse à Damas sur les « Représentations humaines dans les nécropoles de Palmyre à l’époque romaine » (2013). Un contrat postdoctoral sur la transition du paganisme au christianisme à Palmyre aux III^e et IV^e siècles apr. J.-C au sein de l’unité AOROC (Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident, Laboratoire porté par l’ENS, l’EPHE - PSL et le CNRS) a fini par sceller ce lien indéfectible avec l’EPHE - PSL.

Un riche programme scientifique

Il est aujourd’hui rattaché à l’unité PROCLAC (Proche-Orient – Caucase : langues, archéologie, cultures ; laboratoire porté par le Collège de France, l’EPHE - PSL et le CNRS) et conduira un projet scientifique d’ampleur intitulé « Les mutations d’une capitale : Damas, de l’Antiquité au Moyen Âge ». Des dizaines de fouilles ont en effet été conduites sous sa direction dans la vieille ville de Damas depuis 2004, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le matériel accumulé au cours de ces fouilles est exceptionnel et il faut y ajouter une abondante documentation textuelle encore inédite (collection des papiers de la grande mosquée de Damas, inscriptions grecques et arabes…) : le travail restant à accomplir est immense ! Houmam Saad prépare actuellement la publication des fouilles de la nécropole romaine de Damas, de mosaïques byzantines inédites et d’un trésor monétaire de l’époque des croisades récemment découvert dans le quartier de Bâb Tûmâ de Damas.

Houmam Saad, dispensera également des cours dans le cadre du Master « Histoire de l’art et Archéologie » ; une chance pour les étudiants d’accéder à une documentation et un savoir inédits, sur les fouilles antiques et médiévales syriennes, dans le contexte de pillages que l’on connaît (pour Palmyre c’est près de 20% qui a été ravagé).

Des opportunités en humanités numériques

Mais au-delà, c’est toute l’expertise accumulée dans le domaine des Humanités numériques (numérisation 3D et télédétection) qui viendront profiter aux programmes de l’EPHE - PSL. En Syrie, il avait en effet contribué avec la société ICONEM, à la numérisation 3D des sites de Palmyre, de la Mosquée des Umayyades et du Krak des Chevaliers, un travail mis à l’honneur dans plusieurs expositions au Grand Palais, à la Cité de l’Architecture et dans d’autres musées. Il continue d’alimenter la base de données qu’il a constituée à partir des photos satellites sur les dégâts et les pillages des sites archéologiques syriens. Selon Houmam Saad « Il n’y a qu’un patrimoine, ce n’est pas lié seulement à une identité ethnique ou religieuse, c’est le patrimoine de l’humanité qui doit être conservé malgré toutes les difficultés, au fil des guerres, des régimes et des personnes. Le patrimoine, c’est ce qui reste à la fin, même en ruines ».

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