Avis de soutenance - doctorat - Hélène DE BRUX

Informations pratiques
Ecole doctorale 472
Ludwigstraße 31, 80539 Munich, Allemagne
Ajouter à mon calendrier
Soutenue par Hélène DE BRUX

Les récits de conversion du Mūlasarvāstivāda-Vinaya : une réflexion sur la définition de la conversion dans le bouddhisme indien.

Les récits de conversion dans la littérature bouddhique ancienne ont souvent été implicitement considérés par les chercheurs comme la soumission d'un personnage par le Bouddha ou l'un de ses disciples. Peu d'études (Brekke 2002 ; Zin 2006) ont abordé en profondeur les caractéristiques de tels récits et de la conversion en tant que concept bouddhique. Cette thèse a pour vocation de contribuer à une meilleure compréhension de la structure et des caractéristiques des récits de conversion, ainsi que de déterminer si une idée cohérente de la conversion bouddhique peut être perçue à travers ces histoires. Par conséquent, celles-ci sont abordées du point de vue de leurs compilateurs. La perspective sur le sujet n'est donc pas historique, mais vise plutôt à décrire et à analyser une représentation supposément idéale de la conversion pour comprendre comment et pourquoi elle a été ainsi interprétée. Afin de fournir une étude cohérente, ces recherches se restreignent au corpus du Mūlasarvāstivāda-Vinaya, compilé du IIe au VIIe siècles de notre ère. Cette œuvre est particulièrement réputée pour son contenu narratif incroyablement riche et vivant, qui s'est retrouvé jusque dans la littérature extra-canonique sous la forme de compilations populaires de contes bouddhiques telles que le Divyāvadāna ou l'Avadānaśataka. Si ces ouvrages sont mentionnés car ils permettent souvent d'accéder au texte sanskrit partiellement perdu de ce corpus – par ailleurs préservé en intégralité dans ses traductions tibétaine et chinoise –, d'autres textes (mūla-)sarvāstivādins, tels que les Āgamas, ont été écartés de cette recherche par souci de cohérence. Bien que certains de leurs sūtras apparaissent également dans le Mūlasarvāstivāda-Vinaya, il semble que les fonctions des deux corpus, potentiellement différentes, pourraient conditionner leur représentation et leur compréhension exactes de la conversion bouddhique, et ainsi troubler les résultats de la présente étude. Cette recherche est introduite par une enquête conceptuelle autour du terme de « conversion » dans la perspective des sciences religieuses, afin d'exposer clairement les enjeux qu'il suscite et qui pourraient influencer l'étude. En rapportant ces questions au bouddhisme indien, une typologie des récits de conversion du Mūlasarvāstivāda-Vinaya est ensuite établie à partir des schémas narratifs, des composants textuels récurrents, et de la terminologie employée. À partir de là, l'objectif est alors d'analyser tous les moments et éléments des récits de conversion, de la toute première rencontre entre le convertisseur et le (futur) converti jusqu'à l'ultime réalisation de la libération bouddhique. En suivant ce processus de conversion, cette thèse considère des aspects tels que la composition narrative idéale des récits de conversion et ce qu'elle implique conceptuellement concernant la conversion, mais aussi les caractéristiques pragmatiques, comme l'ordination ou les enjeux soulevés par l'environnement religieux et sa compétitivité. Elle replace enfin les récits de conversion et le Mūlasarvāstivāda-Vinaya dans un contexte littéraire plus large en abordant la fonction de tels récits, leur stratégie narrative, leur public, et le niveau secondaire de conversion en résultant.

Conversion narratives of the Mūlasarvāstivāda-Vinaya: A Reflection on the Definition of Conversion in Indian Buddhism.

Conversion narratives in early Buddhist literature have often been implicitly considered by scholars as the subjugation of a character by the Buddha or one of his disciples. Few studies (Brekke 2002; Zin 2006) have addressed in depth the characterisation of such stories and of conversion as a Buddhist concept. In this dissertation, I intend to contribute to a better understanding of the structure and features of conversion narratives, as well as to determine whether a coherent idea of Buddhist conversion can be perceived through these stories. Consequently, I approach them from the perspective of their compilers. I therefore do not pursue a historical outlook on the subject, but rather aim at describing and analysing a supposedly ideal depiction to understand how and why it was interpreted the way it was. In order to provide a consistent study, I restricted my research to the corpus of the Mūlasarvāstivāda-Vinaya, compiled throughout the 2nd to 7th centuries CE. This work is especially renowned for its incredibly rich and vivid narrative content, which even found its way to extra-canonical literature in the form of popular compilations of Buddhist tales such as the Divyāvadāna or the Avadānaśataka. While such works are referred to for they often provide access to the partially lost Sanskrit text of this corpus – otherwise preserved extensively in Tibetan and Chinese –, other (Mūla-)Sarvāstivādin materials, such as the Āgamas, were left out of this research for the sake of consistency. Although some of their sūtras are found in the Mūlasarvāstivāda-Vinaya, it appeared that the possible different functions of the two corpuses might condition their exact depiction and understanding of Buddhist conversion, and thus cloud the results of the present study. This research is introduced by a conceptual inquiry around the term of conversion, from the perspective of religious studies, in order to clearly outline the stakes that will arise and might influence the study. Drawing these questions towards Indian Buddhism, I then focus on establishing a typology of conversion narratives of the Mūlasarvāstivāda-Vinaya based on narrative patterns, building blocks, and terminology. From there, the goal is to address all moments and elements displayed in conversion stories, from the very first encounter between converter and (future) convert to the ultimate realisation of the Buddhist liberation. Following this conversion process, this dissertation considers aspects such as the ideal narrative composition of conversion stories and what it conceptually implies regarding conversion, but also pragmatic features, such as ordination or the stakes raised by the competitive religious environment. It finally replaces conversion stories and the Mūlasarvāstivāda-Vinaya in a broader literary context addressing the function of such stories, their narrative strategy, their audience, and the subsequent secondary level of conversion.
Directeur de thèse :
Vincent ELTSCHINGER
Cotutelle :
LUDWIG-MAXIMILIANS-UNIVERSITÄT MÜNCHEN (ALLEMAGNE)
Unité de recherche :
Groupe de Recherches en Etudes Indiennes
Membres du jury :
  • CoDirecteur de thèse : Jowita KRAMER , Professeur (Leipzig Unversität)
  • Rapporteur : Jens-Uwe HARTMANN , Professeur (LMU Munich)
  • Co-encadrant de thèse : Stefan BAUMS , Maître de recherche (LMU Munich)
  • Président : Vincent TOURNIER , Professeur (LMU Munich)
  • Directeur de thèse : Vincent ELTSCHINGER
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Langues, civilisations et sociétés orientales