Mireille Rossel

Mireille Rossel : portrait d'une neurobiologiste

Neurosciences et Sciences cognitives

Mireille Rossel, enseignante-chercheuse en neurosciences à l'École Pratique des Hautes Études - PSL, nous parle de son parcours académique et de ses recherches.

Pourquoi avoir choisi ce domaine de recherche et ce métier ?

Après un cursus classique à l’université en Sciences de la vie (Dijon), j’ai choisi la filière recherche en réalisant un doctorat puis un parcours post-doctorat portant sur la compréhension des mécanismes cellulaires dérégulés au cours du développement tumoral et qui sont indispensables au développement embryonnaire. C’est cette capacité de la cellule (et de l’organisme) à ré-utiliser un système mis en place au stade embryonnaire et réactivé dans une situation délétère ou de vieillissement qui est fascinante à étudier. L’ouverture d’un poste d’enseignant-chercheur dans le domaine qui m’intéressait m’a conduit à postuler à l’EPHE. La perspective d’enseigner et de poursuivre mes projets parallèlement m’a paru une excellente opportunité.

 

Quels défis avez-vous rencontré en tant que femme au cours de votre carrière en sciences ?

Le principal défi est de concilier vie familiale et travail de recherche qui nécessite parfois de longues heures au laboratoire. J’ai 3 enfants qui m’ont souvent accompagnée au laboratoire. Un autre défi est la progression de carrière : si l’on veut devenir responsable d’équipe ou d’unité de recherche, la route peut sembler longue et il faut savoir que la proportion de femmes au niveau professeur/directeur d’études reste minoritaire.

 

Quelles sont vos missions principales et/ou vos projets scientifiques actuels ?

Je suis responsable scientifique de la plateforme poisson-zèbre au sein de l’Unité Inserm U1198 et je développe des modèles d’étude des mécanismes précoces qui conduisent à la mort neuronale, notamment dans les Tauopathies. Les systèmes sensoriels étant touchés très précocement, nous mettons en place des approches cellulaires et comportementales avec des tests de la vision, de l’audition et de l’olfaction. Ces modèles permettront d’évaluer rapidement de nouvelles stratégies thérapeutiques.

 

Quels sont vos conseils pour sensibiliser et attirer les jeunes filles à choisir la science ?

Les jeunes filles sont nombreuses dans les filières d’étude de la biologie avec l’envie de comprendre les mécanismes du vivant. Il faut garder à l’esprit que le parcours est difficile, cependant en gardant sa motivation, sa curiosité scientifique et une mobilité nationale et/ou internationale, on arrive à construire son réseau et son parcours.

 

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Mireille Rossel est maître de conférences à l’École Pratique des Hautes Études - PSL depuis 2001. Son domaine de recherche concerne les Neurosciences et plus particulièrement les maladies neurodégénératives. Ses projets ont pour but de comprendre les mécanismes précoces de la neurotoxicité à travers la mise en place de modèles chez le poisson-zèbre. En effet ce petit poisson bien connu des laboratoires est devenu son modèle de prédilection depuis 2011 avec la création de la plateforme « zebrafish ZeNeuro » au sein du laboratoire MMDN (Mécanismes moléculaires dans les Démences Neurodégénératives, dir J.M. Verdier jusqu’en 2019, dir T. Maurice 2019-présent).
Son parcours post-doctoral lui a permis d’aborder des questions biologiques liées à des pathologies humaines, plus particulièrement associées à des anomalies de développement du système nerveux (1993-94, Lyon, Pr G. Lenoir ; 1995-2000, Salt Lake City, Utah, US, Pr M. Capecchi, Prix Nobel 2007). Elle s’est ensuite focalisée sur le contrôle des migrations neuronales au sein de l’équipe EPHE du Pr Norbert Koenig à partir de 2001 à Montpellier.
Actuellement responsable scientifique de la plateforme « ZeNeuro » et co-responsable de la plateforme de phénotypage neurosensorielle « ZebraSens » de l’unité INSERM U1198, elle appuie son enseignement sur son domaine d’expertise dans le domaine des neurosciences, au niveau théorique et pratique, depuis l’embryon jusqu’à la pathologie en passant par l’épigénétique. Par ailleurs, elle a participé à l’élaboration des programmes d’enseignement du master en tant que membre de la commission pédagogique de l’EPHE (2012-2020). Elle a ainsi assuré la fonction de responsable adjointe du master EPHE BSE (2015-2018) puis de responsable de l’axe Neurosciences du master PSL Sciences du Vivant (2018-2020).