Tokharien

Étude pluridisciplinaire des manuscrits tokhariens : HisTochText

Philologie et sciences des textes Linguistique

Depuis octobre 2018 s’est mis en place à l’EPHE - PSL le projet History of the Tocharian Texts of the Pelliot Collection – HisTochText, financé par l'European Research Council (ERC).

Ce projet (Advanced Grant) est piloté par Georges-Jean Pinault, directeur d’études à la Section des Sciences historiques et philologiques, sur la chaire « Philologie des textes bouddhiques d’Asie Centrale ».

 

Le tokharien sert à désigner deux langues étroitement apparentées de la famille linguistique indo-européenne, qui étaient parlées au cours du Ier millénaire de notre ère à l’ouest de la Chine, dans la région du Xinjiang et précisément dans les oasis situées au nord du désert du Taklamakan. Les manuscrits dans ces deux langues ont été découverts pour l’essentiel dans des ruines de sites bouddhiques : ceux, les plus nombreux, qui relèvent de la littérature bouddhique étaient copiés et conservés dans les monastères. Un nombre significatif de textes profanes, de contenu économique et juridique, apportent des informations sur la vie sociale de ces principautés imprégnées de la culture bouddhique venue de l’Inde. Ces oasis se répartissaient le long de la « route de la Soie », qui reliait la Chine aux contrées occidentales, et dont les diverses branches ont servi à la transmission et à l’échange de denrées, et aussi de religions, de techniques, de formes artistiques.

 

Plusieurs explorateurs, archéologues et philologues, dont Paul Pelliot (1878-1945), ont rapporté de la « Sérinde » des manuscrits dans diverses langues et écritures. Dans le « fonds Pelliot » de la BnF, les manuscrits en tokharien proviennent pour l’essentiel des mêmes sites que les manuscrits en sanskrit. Les textes littéraires et religieux en tokharien sont des traductions ou des adaptations de textes bouddhiques en sanskrit et ont des parallèles dans d’autres langues du bouddhisme.

 

Le projet HisTochText a pour objectif, outre la publication en ligne de catalogues des fonds sanskrit et tokharien sur le site archivesetmanuscrits.bnf.fr et l’édition de textes en ligne, accompagnés de photographies numérisées, l’étude pluridisciplinaire de ces manuscrits au moyen de toutes les méthodes disponibles. Son originalité est d’associer l’analyse textuelle proprement dite, menée avec les ressources de la philologie, à l’analyse matérielle du support des manuscrits, qui sont pour la plupart sur papier et une minorité sur bois. Le but est de restituer l’histoire de la culture écrite bouddhique entre 400 et 1000 de notre ère et de fournir des bases de données fiables pour l’étude de la paléographie, de la composition des « livres » bouddhiques, des pratiques des ateliers de copistes, et de l’histoire du papier en Asie Centrale.

 

Le projet est financé pour cinq ans. Il associe à des philologues (post-docs et doctorants) de l’EPHE - PSL, des chercheurs du Centre de Recherche sur la Conservation (USR 3224, Muséum national d’Histoire naturelle). Il fait appel à des experts internationaux, dans les domaines du papier (Center for the Study of Manuscript Cultures, Hambourg), de la philologie des textes bouddhiques, et inclut des collaborations avec les chercheurs qui travaillent sur les fonds comparables d’autres bibliothèques et musées dans le monde.

 

CONTACT : Georges-Jean Pinault