Avis de soutenance - doctorat - Soersha DYON

Informations pratiques
Ecole doctorale 472
La Sorbonne,
17, rue de la Sorbonne
75005 Paris
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Soutenue par Soersha DYON

L'ornement moresque dans l'art français du XVIe siècle

La moresque est un ornement nouveau qui a émergé en Italie à la fin du XVe siècle et a connu un fort succès en Europe à la Renaissance. Inspirée des rinceaux de l'art du Moyen-Orient, elle se définit comme un ornement végétal stylisé, recouvrant de façon symétrique une partie ou la totalité d'un objet, sans appartenance à un medium précis. D'Italie, le motif se diffusa rapidement en France, puis en Europe, à travers la circulation d'objets et d'estampes. Souvent cité comme symbole des échanges culturels entre l'Europe et le Moyen-Orient, il permet, au-delà de cette dimension, d'appréhender les processus de diffusion d'un langage ornemental. Cette thèse étudie les conditions de son apparition et de son utilisation dans la France du XVIe siècle. La confrontation entre les archives et l'étude d'objets produits avant 1530 permet de nuancer l'idée selon laquelle la moresque était un motif représentatif du monde islamique, et laisse penser, au contraire, que ce fut sa double association avec la production humaniste transalpine et de nouvelles techniques artistiques comme la dorure sur cuir et et la damasquinure, importées également d'Italie, qui ont assuré ses premiers succès en France. Au-delà d'une remise en question de la chronologie, cette constatation conduit à analyser le rôle des marchands et du commerce du luxe à Paris dans la première moitié du XVIe siècle dans la diffusion de nouveautés artistiques. La place centrale de la France, à travers la publication par Francesco Pellegrino de la 'Fleur de la science de pourtraicture' en 1530 puis la série d'estampes de moresque de Jacques Androuet du Cerceau vers 1545, qui influencèrent durablement l'aspect du motif dans la production européenne de gravures ornementales, est également à souligner. Différentes sources, notamment les inventaires après décès parisiens, ont permis de montrer qu'il convient de distinguer une production commercialisée assez largement à partir de 1560, et des commandes plus précoces de la part du roi et de son entourage, qui allèrent en diminuant à partir de cette date. Dans les ateliers de la capitale, le mode de production sériel d'un certain type d'objets facilita l'adoption du motif, qui était également bien adapté à une pratique de fabrication textile domestique. Placer ainsi l'histoire de la moresque au croisement de la pratique d'atelier et la représentation visuelle permet de replacer l'étude de l'ornement français de la Renaissance dans celle de la culture matérielle.

'Moresque' ornament in French Renaissance art

The moresque emerged as a new type of ornament in Italy at the end of the XVth century that proved very successful across Renaissance Europe. Inspired by middle-eastern scrollwork, it can be defined as a stylized vegetal ornament, without constraints in terms of medium. From Italy, the motif spread quickly to France, through the exchange of prints and objects. Often used as an example of cross-cultural exchange with the Islamic world, the motif also allows for an exploration of the mechanisms behind the diffusion of an ornamental idiom. This work focuses on its arrival and use in XVIth century France. The study of both archives and objects made before 1530 allows us to temper the idea that the moresque functioned as a symbol of the Islamic world, and instead owed its initial success to its connection to both Italianate humanistic culture and technical novelty, such as gilt leather and damascening. This observation, beyond questioning the accepted timeline of the moresque arrival in France, also led to question the role played by merchants and the trade of luxury goods regarding artistic novelty in the first half of the XVIth century. The central role played by France on the formal evolution of the motif in Europe, through the 1530 publication of the 'Fleur de la science de pourtraicture' by Francesco Pellegrino and the series of moresque engravings by Jacques Androuet du Cerceau around 1545, is also underlined. Various sources, most notably Parisian probate inventories, allowed to demonstrate that from the 1560's onwards, a more general production bearing the motif starting to emerge, whilst royal and aristocratic patronage started to diminish. In Parisian workshops, the serial ways objects were made facilitated the use of the motif, just as the moresque was suited to domestic practices on textiles. Re-centering the history of the moresque around workshop practices and visual representations therefore allows to replace the study of French ornamental history within the larger scope of material culture.
Directeur de thèse :
Guy-Michel LEPROUX
Unité de recherche :
Savoirs et pratiques du Moyen Âge à l'époque contemporaine
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Guy-Michel LEPROUX
  • Président : Philippe SéNéCHAL , Professeur des universités (Université de Picardie Jules Verne)
  • Rapporteur : Julien LUGAND , Maître de conférences (Université de Perpignan Via Domitia)
  • Examinateur : Jesús CRIADO MAINAR , Professeur (Université de Saragosse)
  • Examinateur : Estelle LEUTRAT , Maître de conférences (Université Rennes 2)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art