Avis de soutenance - doctorat - Sayuri KAWASE
Informations pratiques
Ecole doctorale 472
EHESS,
54, boulevard Raspail
75006 Paris
Ajouter à mon calendrier
54, boulevard Raspail
75006 Paris
- iCal
- Yahoo!
- Outlook.com
- Office365
Choose a calendar service :
Soutenue par
Sayuri KAWASE
Les charpentes métalliques des cathédrales au XIXe siècle (1836-1897) : à partir de l'exemple de la Cathédrale de Chartres. Le fer dans la restauration des architectures gothiques et le regard de la France sur la matière
Notre thèse se propose d'analyser l'apparition et l'évolution des charpentes métalliques dans les combles des monuments médiévaux, qui n'ont pas fait l'objet d'une étude synthétique, à partir de celle de la cathédrale de Chartres, qui fut reconstruite en fonte et fer, après l'incendie de 1836. Cette étude est menée suivant deux problématiques. Premièrement, ce travail vise à préciser la signification historique de la charpente métallique de Chartres, dont la place demeure encore imprécise dans l'histoire de l'architecture du XIXe siècle. Pour cet objectif, notre thèse analyse d'abord cette charpente métallique, en nous intéressant en particulier au processus historique de son projet, à son système et aux innovations techniques mises en œuvre sur son chantier, puis examine son influence sur les charpentes métalliques postérieures. Deuxièmement, ce travail a pour objectif d'examiner pour quelles raisons et sur quels paramètres les architectes diocésains de la seconde moitié du XIXe siècle ont opté pour les charpentes métalliques au lieu de celles en bois, alors que dans les années 1840, le principe du respect des anciens matériaux avait été prescrit par l'Instruction concernant la restauration des cathédrales sous le régime viollet-le-ducien. A partir de l'analyse des charpentes en métal réalisées ou projetées à cette époque-là, nous essayons, d'autre part, de réexaminer l'attitude à l'égard de l'emploi du fer et plus généralement les arbitrages entre les matériaux anciens et nouveaux lors de la restauration monumentale, chez ces architectes et chez Viollet-le-Duc.
Cette recherche s'appuie sur les archives ainsi que des documents iconographiques d'un corps de vingt-six charpentes en France et en Angleterre. En vue de tracer une histoire du regard des Français sur les matériaux et la forme depuis des siècles, nous avons analysé également douze charpentes métalliques d'édifices publics et religieux, mises en place dans la première moitié du XIXe siècle.
Notre étude atteste d'abord que non seulement la charpente réalisée finalement en fonte, mais aussi le projet non réalisé d'une charpente en fer forgé pour la cathédrale de Chartres, ont exercé une influence considérable sur les charpentes postérieures des monuments médiévaux durant le XIXe siècle. L'examen de l'attitude des architectes diocésains lors des restaurations des charpentes dans les monuments médiévaux durant le XIXe siècle confirme aussi que la plupart d'entre eux n'ont pas hésité à remplacer le bois par le métal : leur attitude montre qu'en ce qui concerne la restauration des charpentes des combles, ils ne condamnaient pas le changement des matériaux. En revanche, la plupart d'eux ont accordé plus d'importance au maintien de l'identité ou de la proximité des formes entre les nouvelles et les anciennes charpentes durant le XIXe siècle.
A partir d'une longue observation de l'évolution historique de ces charpentes métalliques, ce travail met en évidence que Viollet-le-Duc a peu orienté l'emploi du fer sur les chantiers de restauration des charpentes des cathédrales : le phénomène de la reconstruction des charpentes en métal au XIXe siècle ne résulte pas de directives de cet inspecteur général mais de l'intérêt fort continu pour l'innovation de la part des architectes français et du triomphe de leurs pratiques sur leurs chantiers. Viollet-le-Duc n'a finalement pas orienté les architectes diocésains vers une restauration avec conservation des matériaux anciens.
Enfin, notre thèse conclut que la restauration avec maintien des matériaux initiaux n'est pas devenu un courant majeur en France durant le XIXe siècle et que Viollet-le-Duc n'en est pas responsable : le principe de la conservation des matériaux apparu dans les années 1840 était un parti pris irrégulier pour les architectes respectant la « forme » en tant que composante architecturale, de sorte que ce principe ne fut pas aisément accepté dans une collectivité qui accordait plus d'importance à la Forme.
Iron roof frameworks of cathedrals in the nineteenth century France (1836-1897): based on the example of Chartres Cathedral. Iron in the restoration of Gothic architecture and the French view of the material
Our thesis proposes to analyse the appearance and evolution of metal frameworks for the roof of medieval monuments, which have not been the subject of a synthetic study, based on that of Chartres Cathedral, which was rebuilt in cast-iron after the fire of 1836. This study is carried out according to two issues. Firstly, this work aims at clarifying the historical significance of the Chartres metal framework, whose place in the history of 19th century architecture is still unclear. For this purpose, our thesis first analyses this iron structure, focusing in particular on the historical process of its design, its system and the technical innovations implemented on its site, and then examines its influence on later iron structures. Secondly, the aim of this work is to examine why and on what parameters the diocesan architects of the second half of the 19th century opted for metal frames instead of wooden ones, whereas in the 1840s the principle of respect for the old materials had been prescribed by the Instruction concerning the restoration of cathedrals under the Viollet-le-Duc's regime. On the basis of the analysis of the metal frameworks built or planned at that time, we also try to re-examine the attitude towards the use of iron and more generally the trade-offs between old and new materials during monumental restoration, both in these architects and at Viollet-le-Duc.
This research is based on the archives and iconographic documents of a body of twenty-six roof frames in France and England. In order to trace a history of the French view of materials and form over the centuries, we also analysed twelve metal frameworks of public and religious buildings erected in the first half of the 19th century.
Our study first of all attests that not only the framework finally realised in cast-iron, but also the unrealised project of a wrought-iron framework for the cathedral of Chartres, exerted a considerable influence on the later roof frameworks of medieval monuments during the 19th century. An examination of the attitude of the diocesan architects during the restoration of frameworks in medieval monuments during the 19th century also confirms that most of them did not hesitate to replace wood with metal: their attitude shows that when it came to the restoration of roof frameworks, they did not condemn the change of materials. On the other hand, most of them placed more importance on maintaining the identity or the closeness of forms between the new and old frames during the 19th century.
Based on a long observation of the historical evolution of these metal frameworks, this work shows that Viollet-le-Duc did little to influence the use of iron on cathedral roof structural restoration sites: the phenomenon of the reconstruction of metal frameworks in the 19th century was not the result of directives from this Inspector General, but of the very continuous interest in innovation on the part of French architects and the triumph of their practices on their sites. In the end, Viollet-le-Duc did not direct the diocesan architects towards restoration with conservation of the old materials.
Finally, our thesis concludes that restoration with maintenance of the original materials did not become a major trend in France during the 19th century and that Viollet-le-Duc was not responsible for it: the principle of conservation of materials that emerged in the 1840s was an irregular bias for architects who respected "form" as an architectural component, so that this principle was not easily accepted in a community that attached more importance to Form.
Directeur de thèse :
Jean-Michel LENIAUD
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Jean-Michel LENIAUD , Directeur d'études (EPHE PARIS)
- Rapporteur : Jacques LUCAN , Professeur émérite (École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), Écoles nationales d'architecture (France))
- Président : Jean-François BELHOSTE , Directeur d'études émérite (EPHE, Paris)
- Rapporteur : Philippe PLAGNIEUX , Professeur des universités (Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École nationale des chartes)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art