Avis de soutenance - doctorat - Marina VIALLON

Informations pratiques
Ecole doctorale 472
Institut National d'Histoire de l'Art
2 rue Vivienne
75002 Paris
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Soutenue par Marina VIALLON

Les tournois à la cour de France à la Renaissance (v. 1490-v. 1620)

Si les tournois sont souvent associés à la période médiévale qui les a vu naître, ils ont pourtant continué à faire partie du quotidien de la noblesse chevaleresque tout au long du XVIe siècle, et en particulier à la cour de France, où ils furent pratiqués jusqu'au début du règne de Louis XIII. Jusque-là jamais vraiment étudiés, les tournois de la cour de France à la Renaissance faisaient pourtant partie des fêtes publiques royales les plus luxueuses et impressionnantes dans lesquelles toute la cour se mettait en scène. Leurs formes étaient d'une grande diversité, reflets des différentes pratiques militaires du début de l'époque moderne, perpétuant des pratiques séculaires, comme la joute à la lance, mais aussi en en inventant ou en important de nouvelles. Fêtes emblématiques d'une élite sociale et politique dont la chevalerie était encore la culture majeure, participants, spectateurs et organisateurs, rois et seigneurs, pouvaient y dépenser des fortunes. Les meilleurs artistes et artisans de la cour étaient ainsi régulièrement sollicités pour en créer les décors, les armures, les costumes, ou encore les textes et la musique. Plus que de simples divertissements ou compétitions sportives, les tournois relevaient également du rite social, véritables théâtres où la noblesse se mettaient en scène devant ses pairs et son souverain pour valider son appartenance, militaire et morale, à la grande caste de la chevalerie. En France, de la fin du XVe siècle au début du XVIIe, le tournoi fut également un véritable outil politique, en particulier dans les relations qu'entretenaient noblesse et monarchie. Les rois l'employèrent ainsi pour rassembler leurs partisans, mettre en avant leurs soutiens, mais aussi pour rassurer symboliquement une noblesse féodale dont le partage du pouvoir avec le roi était de moins en moins une réalité. Au fur et à mesure du XVIe siècle cependant, les tournois de cour servirent plus ostensiblement à mettre avant tout en scène la personne et le pouvoir du roi, au point de parfois contrarier les traditions de la noblesse française. De son côté, la noblesse traditionnelle n'oubliait pas le caractère originellement subversif du tournoi envers les hautes autorités, et lors des tensions et conflits politiques et militaires qui émaillèrent le XVIe siècle français, les tournois furent autant un outil de réunion que d'opposition. Ces spectacles, œuvres d'art totales malheureusement éphémères, tinrent ainsi une place non négligeable dans l'histoire artistique, sociale, et politique de la France de la Renaissance. Ils suivirent ainsi les multiples évolutions et remises en cause de la monarchie et de la noblesse françaises, perdant au début du XVIIe siècle leurs derniers véritables combats, au profits des grandes démonstrations équestres, appelées généralement carrousels. Les costumes extravagants et les jeux galants de ces descendants des grands tournois des Valois étaient désormais devenus les outils de propagande d'une monarchie absolue affirmée, dans laquelle la chevalerie et ses tournois étaient finalement devenus des motifs de l'imaginaire comme les autres.

Tournaments at the Court of France in the Renaissance (ca. 1490- ca. 1620)

If the tournaments are often associated with the medieval period when they come from, they nevertheless continued to be part of the daily life of the chivalrous nobility throughout the 16th century, especially at the court of France, where they were practiced until the beginning of Louis XIII's reign. Never really studied until then, tournaments of the Renaissance French court were nevertheless among the most luxurious and impressive royal public celebrations in which the whole court took part. Their forms were of great diversity, reflecting the different military practices of the early modern era, perpetuating traditional types, such as jousting, but also inventing or importing new ones. Emblematic festivals of a social and political elite for which chivalry was still the main culture, participants, spectators, and organisers, kings and lords, could spend fortunes there. The best artists and craftsmen of the court were thus regularly called upon to create the sets, the armour, the costumes, or even the texts and the music of these events. More than simple entertainment or sports competitions, tournaments were also part of a social rite and also the theatres where nobles staged themselves in front of their peers and their sovereign to validate their membership, military and moral, in the great caste of chivalry. In France, from the end of the 15th century to the beginning of the 17th century, tournaments were also real political tools, particularly in the relations between nobility and monarchy. Kings thus used them to rally their partisans, showcase and celebrate their supporters, but also to symbolically reassure a feudal nobility whose sharing of power with the king was less and less a reality. As the 16th century progressed, however, court tournaments served more ostensibly to showcase above all the person and power of the king, to the point of sometimes being in contradiction with the traditions of the French nobility. For its part, the traditional nobility did not forget the originally subversive character of tournaments towards the high authorities, and during the tensions and political and military conflicts which marred the French sixteenth century, tournaments were as much a tool for union as for opposition. As these shows were total artworks, unfortunately ephemeral, they held a significant place in the artistic, social and political history of Renaissance France. Thus, they followed the multiple evolutions and questioning of the French monarchy and nobility, losing their last real combats at the beginning of the 17th century, in favour of great equestrian performances, generally called carousels. The extravagant costumes and the gallant games of these descendants of the great Valois tournaments had now become the propaganda tools of an asserted absolute monarchy, in which chivalry and its tournaments had finally become fantasy themes among others.
Directeur de thèse :
Sabine FROMMEL
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Sabine FROMMEL
  • Rapporteur : Estelle LEUTRAT , Maître de conférences (Université Rennes 2)
  • Rapporteur : Nicolas LE ROUX , Professeur (Sorbonne Université)
  • Président : Laurent HABLOT
  • Examinateur : Monique CHATENET , Docteur en histoire de l'art, conservateur honoraire du patrimoine (N/A)
  • Examinateur : Olivier RENAUDEAU , Conservateur en chef du patrimoine (Musée de l'Armée)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art