Avis de soutenance - doctorat - Maelyss HADDJERI

Traditionnellement attribué à Baccio Bandinelli, l'Album Bandinelli, conservé au British Museum, se révèle être un objet hybride composé de dix-huit feuilles dont une estampe, trois dessins et un ensemble de quatorze études qui constituaient à l'origine un taccuino de dessins d'anatomie artistique datant de la première moitié du XVIe siècle. Ce carnet demeure particulièrement intéressant pour son caractère composite, dont le style fluctue entre : les études de fragments anatomiques et de la myologie, proche de la main de Bandinelli ; la technique à la plume et à l'encre brune évoquant Francesco Salviati ; et l'expressivité saisissante rappelant les corps tourmentés de Pontormo et Rosso Fiorentino. Il reflète également une méthode de production de dessins propre aux artistes siennois gravitant autour de Domenico Beccafumi. L'analyse matérielle et stylistique de ces dessins invite non seulement à mieux considérer la tradition de la pratique de la copie dans les ateliers de l'époque, mais aussi à concevoir un réseau généalogique de dessins anatomiques gravitant autour de ce carnet. Repenser la conception de ces œuvres sous l'état matériel est l'occasion de réfléchir aux usages et aux fonctions de ce type de dessins, en considérant les grandes publications des traités d'anatomie de l'époque – comme ceux de Vésale (1543) et de Valverde (1556) – qui ont joué un rôle déterminant dans l'émergence de l'anatomie moderne. L'étude anatomique, qui s'affirme comme une caractéristique essentielle de l'art de la Renaissance en Italie, repose sur une approche interdisciplinaire et sur un réseau d'échanges entre différents centres artistiques du sud de l'Europe. La circulation des savoirs anatomiques s'effectue entre la Toscane, Rome, Bologne et l'Espagne, notamment Séville, Valladolid et Madrid.