Avis de soutenance - doctorat - Hugo TIERNY
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Ecole doctorale 472
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Soutenue par
Hugo TIERNY
Stratégies d'accès et de déni d'accès aux portes maritimes et continentales de la Chine – les cas de Taiwan et du Xinjiang depuis la dynastie Qing
Ce travail vise à comparer le rôle de Taïwan et du Xinjiang dans l'histoire, les représentations militaires et le cadre géostratégique de la Chine depuis la dynastie Qing. En nous appuyant sur des sources chinoises, nous explorerons, sur la longue durée, un parallèle entre l'est et l'ouest, océan et continent, dans les stratégies militaires de la Chine. Ces liens seront examinés à travers l'utilisation enracinée par les Chinois de « stratégies d'accès et de déni d'accès » en direction de Taïwan et du Xinjiang, définies comme une quête récurrente et historique par la Chine d'une large profondeur stratégique sur ses périphéries tant continentales que maritimes, combinant les moyens militaires et non-militaires pour expulser la présence étrangère et prévenir ses menaces. On montrera qu'occuper à la fois les îles et les déserts a constitué une priorité pour les stratèges chinois depuis les conquêtes des deux terres par les armées Qing, motivées par la préoccupation de la Cour que ces terres puissent être utilisées contre l'Empire par des puissances hostiles. Or les régimes chinois suivants ont hérité de ces représentations et ambitions stratégiques, comme en témoignent les écrits de leurs plus éminents stratèges. Au fil de l'histoire et jusqu'à nos jours, la notion d'accès de la Chine à ces lieux stratégiques s'accompagne ainsi d'une volonté d'en empêcher l'accès à ses adversaires étrangers. La capacité des militaires chinois à les défendre a toujours dépendu d'un rapport de force évolutif entre la Chine et ses rivaux (nomades, pirates, Russes, Japonais, Américains..), soulignant une ancestrale difficulté à se battre sur deux fronts. Ces terres furent ainsi les premières touchées par ses cycles d'expansion et de contraction : puissante, elle s'y étendait ; affaiblie, elle s'en retirait. Ainsi, ayant longtemps dû choisir entre la protection de Taïwan ou du Xinjiang, chacune étant considérée comme une « forteresse pour assurer la défense de la nation », écrivait Chiang Kai-shek, la Chine aspire aujourd'hui à être suffisamment riche et puissante pour verrouiller et tenir simultanément les approches maritimes et continentales perçues comme des tremplins potentiels vers l'Eurasie et la haute mer. De cette double étude des mouvements continentaux et maritimes de la Chine, champ que nous sommes les premiers à investir, nous découvrons de nombreuses interdépendances entre l'est et l'ouest dans la géostratégie chinoise, ainsi qu'une série d'invariants historiques. C'est que de tels liens ne semblent pas seulement horizontaux, par la ressemblance des politiques menées à la même époque par la Chine à Taïwan et au Xinjiang. Ils sont également, dirait Marc Bloch, verticaux, tant il est évident que les politiques du passé préfigurent les actuelles stratégies de Pékin vers ces deux terres. Ainsi, alors qu'une distinction fut longtemps faite, par défaut, entre les objectifs d'ordre géostratégiques et militaires poursuivis par les Chinois à l'est et à l'ouest, vers l'océan et le continent, on montrera au contraire leur similarité, leur complémentarité et leur continuité.
Access and Denial Strategies at China's Maritime and Continental Gateways: The Cases of Taiwan and Xinjiang Since the Qing Dynasty
This dissertation aims to compare the roles of Taiwan and Xinjiang in China's history, military representations, and geostrategic framework since the Qing dynasty. Drawing on Chinese sources, we will explore a long-term parallel between east and west, ocean and continent, in China's military strategies. These links will be examined through the entrenched Chinese use of ‘access and denial strategies' towards Taiwan and Xinjiang, defined as China's recurring and historical quest for extensive strategic depth on both its continental and maritime peripheries, combining military and non-military means to expel foreign influences and prevent them from posing threats. We will demonstrate that occupying both islands and deserts has been a priority for Chinese strategists since the Qing conquests of Xinjiang and Taiwan, driven by the court's concern that these lands could be used against the Empire by hostile powers. Yet, subsequent Chinese regimes inherited these strategic representations and ambitions, as evidenced by the writings of their eminent strategists. Throughout history and into the present, China's notion of access to these strategic locations corresponds to a desire to deny such access to foreign adversaries. The Chinese military's ability to defend Xinjiang and Taiwan has always depended on an evolving power balance between China and its rivals (nomads, pirates, Russians, Japanese, Americans), highlighting an ancestral difficulty of fighting on both fronts simultaneously. These lands were among the first to be affected by China's cycles of expansion and contraction: when powerful, China extended its reach; when weak, it withdrew. Consequently, having long had to choose between protecting Taiwan or Xinjiang — each being considered a “fortress for national defense”, as Chiang Kai-shek wrote — China now seeks to be sufficiently rich and powerful to secure both maritime and continental approaches perceived as potential springboards to Eurasia and the high seas. From this dual study of China's continental and maritime movements, a field we are the first to thoroughly investigate, we uncover numerous interdependencies between east and west in Chinese geostrategy, as well as historical constants. These links appear not only horizontally, through the resemblance of contemporary policies towards Taiwan and Xinjiang, but also, as Marc Bloch would suggest, vertically, since past policies clearly prefigure Beijing's current strategies towards these two lands. Thus, while a distinction has long been made between China's geostrategic and military objectives in the east and west, towards the ocean and the continent, we will instead demonstrate their similarity, complementarity, and continuity.
Directeur de thèse :
Martin MOTTE
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Martin MOTTE
- Président : Olivier ZAJEC , Professeur des universités (Lyon 3 Jean Moulin)
- CoDirecteur de thèse : Emmanuel LINCOT , Professeur des universités (Institut Catholique de Paris)
- Examinateur : Stéphane CORCUFF , Maître de conférences (Sciences Po Lyon)
- Examinateur : Paul CHARON , Docteur - Directeur de recherche à l'IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'école militaire)
- Rapporteur : Jean-Pierre CABESTAN , Directeur d'études émérite (CNRS)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire militaire, défense et sécurité