Avis de soutenance - doctorat - Gaia CELLI
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Soutenue par
Gaia CELLI
La réception Orientale d'Aristote, Rhétorique I: témoins du texte et choix lexicaux
Ma thèse porte sur la réception arabe de la Rhétorique aristotélicienne. Au fil du temps, ce traité n'a pas été lu de façon isolée, mais dans le contexte ou bien des œuvres éthiques d'Aristote, ou bien de son Organon. A l'époque de l'épanouissement de l'école alexandrine et de l'établissement du rôle exemplaire d'Aristote pour la formation de la pensée des siècles suivantes, rhétorique et poétique furent ainsi associées à la logique péripatéticienne. C'est dans ce contexte qu'elles furent transmises à la philosophie islamique. Dans ma thèse je m'occupe, d'un côté, des choix lexicaux opérés dans le domaine de la réception arabe de la Rhétorique, de l'autre, de la postérité latine de cette réception arabe, en me concentrant sur la technique de Hermann, auteur de la version arabo-latine de la Rhétorique.
Autant que nombre d'autres œuvres littéraires et philosophiques, l'Organon d'Aristote affecta en profondeur l'activité intellectuelle des époques suivantes dans les mondes islamique et chrétien. Du fait même d'être partie du corpus sur lequel se formèrent plusieurs générations d'intellectuels, les écrits d'Aristote ont inspiré au fil des siècles une remarquable fidélité à leur étude et actualisation, toujours jointe au besoin, ressenti par chaque auteur, d'établir sa position par rapport à la tradition scolastique et au penseur qui en fut l'origine. La succession des choix lexicaux opérés par les philosophes attachés à l'héritage aristotélicien témoigne de ces positionnements, parce que, si dans le champ du vocabulaire technique les auteurs aristotéliciens étaient poussés à être conservatifs par leur souci de continuité avec la tradition scolastique, ils se trouvèrent face à face avec une grande variété lexicale déjà établie dans l'usage. Cette variété s'explique en partie en raison de la structure de l'Organon, où chaque discipline est analysée de façon directe dans un traité à elle dédié, mais aussi souvent mise en relation avec ses disciplines germaines dans les autres traités dont l'Organon se compose, de sorte que, lors de la traduction de chaque section, les occurrences du même terme grec qui se trouvaient dans plusieurs traités ont pu recevoir un équivalent tout à fait différent dans chacun d'eux. En outre, le même traité a parfois été traduit à plusieurs reprises dans des contextes différents, ce qui contribua à produire une variété d'équivalents arabes pour le même terme grec.
Par l'observation attentive de la forme lexicale prise par les concepts tirés de la Rhétorique d'Aristote (démonstration, syllogisme, enthymème, induction, exemple, signe et probable) dans les traductions arabes de l'Organon qui nous sont parvenues et dans la réflexion philosophique de Fârâbî, Avicenne et Averroès, j'essaye de démêler lesquelles évolutions furent provoqués par l'aspiration à la continuité avec la pensée aristotélicienne et scolastique, lesquelles par l'aspiration à un système lexical plus cohérent que celui engendré par les traductions, et lesquelles par les limitations matérielles des témoins textuels pertinents.
Il serait impossible de poursuivre ce discours jusqu'à la réception latine de la tradition orientale de la Rhétorique, car, peu après la circulation de la traduction arabo-latine du texte Aristotélicien rédigé par Hermann, les traduction gréco-latines du même texte parurent aussi. Cela rend difficile d'analyser et comparer à leurs sources les choix des philosophes latines qui se sont intéressés à la rhétorique. Pour pouvoir au moins inclure dans ma réflexion la traduction d'Hermann elle-même, exempte de cette problématique, je traite de la méthode du traducteur vis-à-vis d'Aristote et des extraits avicenniens qu'il cite, une analyse que je poursuis sur la base de la pratique et des déclarations d'Hermann. Enfin, à l'aide de quelques passages critiques, je conduis un examen des relations qui pourraient exister entre le texte source d'Hermann et les témoins connus du Livre de la Rhétorique d'Avicenne.
The Oriental Reception of Aristotle's Rhetoric I: Textual Witnesses and Lexical Choices
The object of my PhD thesis is the Arabic reception of Aristotle's Rhetoric, a treatise that was never read in isolation, but rather either in relationship with Aristotle's ethical writing, or as a part of his Organon. Some centuries after its composition, the Alexandrian philosophical school, which established Aristotle's exemplar role for later thinkers, also established rhetoric and poetry as stable parts of logic in its Peripatetic understanding, so that they were transferred to Islamic philosophy attached to this context.
In my thesis, on one side I deal with the Arabic reception of the Rhetoric and with the vocabulary choices operated in this field, and on the other side with the Latin posterity of this Arabic reception, focusing mainly on the translation technique that characterizes the Arabic-Latin text of the Rhetoric penned by Hermannus Alemannus.
Like many classical literary and philosophical works in the Islamic and in the Christian world, the Organon had a wide-ranging and pervasive impact on later cultural activity. The very fact of being part of the school corpus that shaped generations of intellectuals produced a remarkable fidelity to the study and actualization of Aristotle's writings throughout the centuries and a recurrent need to establish one's own position both in relation to scholastic tradition and in relation to the author that originated it. The successive lexical choices operated by the philosophers that placed themselves in Aristotle's wake crystallize these positions, because, if technical lexicon is a field in which Aristotelian authors, interested in continuity with their scholarly tradition, had every reason to be conservative, the structure of the Organon – in which each logical discipline is directly analyzed in a dedicated treatise, but frequently placed in relationship with cognate disciplines in the remaining Organon sections – and the history of the translation process that made Aristotelian rhetoric accessible for Arabic readers, often in multiple versions, produced a variety of possible lexical variations.
By closely observing the lexical shape taken by a few technical concepts selected from Aristotle's Rhetoric I (demonstration, syllogism, enthymeme, induction, example, sign, and probable) in the surviving Arabic translations of the Organon and in the philosophical reflection of Islamic philosophers like Farabi, Avicenna, and, whenever possible, Averroes, I try to untangle which terminological evolutions were dictated by an aspiration towards continuity with Aristotelian and Scholastic thought, which by the desire to produce a lexical system more coherent than that occasioned by the translation process, and which by the material limitations imposed by the material conditions of the witnesses of the relevant texts.
Following the same line of thought beyond this chronological stage to the Latin reception of the Oriental tradition of the Rhetoric would not be possible, because, shortly after Hermannus Alemannus' Arabic-Latin translation of Aristotle's text, Greek-Latin translations began to circulate as well, making it very hard to discuss the lexical choices of those Latin philosophers who developed an interest in rhetoric by comparing them to their sources.
Therefore, in order to include in my reflection at least Hermannus' version itself, that does not suffer from this problem, in my thesis I discuss the translator's method when dealing with Aristotle's text and with the two Avicennian excerpts that he deemed fit to quote, both on the basis of his practice and of his own statements. Finally, my thesis includes an analysis of the possible relationships between Hermannus' source text and the known witnesses of Avicenna's “Book of Rhetoric” on the basis of a few available critical passages.
Directeur de thèse :
Maroun AOUAD
Cotutelle :
Scuola Normale Superiore (Pisa) (ITALIE)
Unité de recherche :
Savoirs et pratiques du Moyen Âge à l'époque contemporaine
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Maroun AOUAD , Directeur de recherche émérite (EPHE PARIS/CNRS)
- Directeur de thèse : Amos BERTOLACCI , Full professor (Scuola IMT Alti Studi Lucca - IMT School for Advanced Studies Lucca)
- Rapporteur : Cornelia SCHӦCK , Full professor (Ruhr-Universität Bochum)
- Examinateur : Frédérique WOERTHER , Directeur de recherche (CNRS/ENS Ulm)
- Président : Giulia AMMANNATI , Professor (Scuola Normale Superiore)
- Rapporteur : Dimitri GUTAS , Professeur émérite (dimitri.gutas@yale.edu)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Sciences de l'antiquité : histoire, archéologie, langues et littératures