Avis de soutenance - doctorat - Anne-Sophie PIMPAUD

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Ecole doctorale 472
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Soutenue par Anne-Sophie PIMPAUD

Les ouvertures de corps aux XVIe et XVIIe siècles : prémices de l'anatomie pathologique.

L'historiographie n'a longtemps considéré l'anatomie pathologique qu'à partir de la publication du De sedibus et causis morborum de Giovanni Battista Morgagni en 1761. Or les ouvertures de corps de malades, ou nécropsies, ont été régulièrement pratiquées dès le début de l'Époque Moderne par des médecins soucieux de mieux comprendre les causes et les effets des maladies qui emportaient leurs patients, dans l'objectif clairement exprimé d'aboutir à des progrès thérapeutiques. Cette thèse a permis d'étudier, à partir du début du XVIe siècle, toutes les caractéristiques d'une pratique partagée par des médecins en nombre croissant à travers l'Europe et son évolution vers une science de l'anatomie pathologique encore en train de définir sa forme, ses méthodes et ses limites deux siècles plus tard. Différents corpus de textes médicaux imprimés, publiés en Europe entre 1500 et 1761 (date de publication du De sedibus de Morgagni) ont été considérés pour éclairer cette pratique, sous de multiples aspects, techniques, théoriques, sociaux ou narratifs. La première partie de ce travail explore la pratique des ouvertures de corps de malades décédés, ses rapports à l'anatomie descriptive du corps sain et sa place dans l'élaboration du savoir médical, du début du XVIe siècle à la publication du Sepulchretum de Théophile Bonet en 1679. La seconde partie est consacrée à l'étude cette œuvre monumentale rassemblant plusieurs milliers d'observations médicales tirées de plusieurs centaines d'auteurs différents et comprenant toutes le récit de la nécropsie du malade. L'analyse qualitative et quantitative de ces observations et de leurs sources nous a permis de retracer la diffusion des publications de récits de nécropsies dans de multiples genres d'écrits médicaux, à travers l'Europe, entre le début du XVIe siècle et le dernier tiers du XVIIe siècle. La troisième partie concerne la réception du Sepulchretum en Europe et son influence sur le développement de l'anatomie pathologique dans les deux premiers tiers du XVIIIe siècle, jusqu'à la publication de la nouvelle œuvre de référence, le De sedibus de Morgagni. Elle décrit enfin l'émergence à la même période d'un regard critique sur ce champ d'étude allant d'une réserve prudente à un véritable rejet. D'ordre pratique mais surtout théorique, ces critiques ont abouti à l'élaboration d'une réflexion sur les limites de la pratique et sur une meilleure prise en compte de sa complexité.

Bodies openings in sixteenth and seventeenth centuries: beginnings of pathological anatomy.

Historiography has long considered pathological anatomy only after the publication of the De sedibus et causis morborum by Giovanni Battista Morgagni in 1761. However, the opening of patient's bodies, or necropsies, was regularly performed since the Early Modern era by physicians willing to promote the understanding of causes and effects of diseases, with a clear motivation to achieve therapeutic progress. This dissertation allowed us to study, from the beginning of the 16th century, all the characteristics of a practice shared by a growing number of physicians throughout Europe, its evolution towards the science of pathological anatomy still defining its form, methods, and limits two centuries later. Different corpus of medical texts printed in Europe between 1500 and 1761 (date of publication of Morgagni's De sedibus), have been considered in order to shed light on this practice under multiple aspects, technical, theoretical, social or narrative. The first part of this work explores the practice of opening the deceased patient's bodies, its relationship to descriptive anatomy of the healthy body, and its place in the development of medical knowledge, from the beginning of the 16th century to the publication of the Sepulchretum by Theophile Bonet in 1679. The second part is devoted to the study of this monumental work, which gathered several thousand of medical observation reports from hundreds different authors, all including the patient's necropsy description. The qualitative and quantitative analysis of these observations and their sources allowed us to trace the diffusion of publications of necropsy reports in multiple genres of medical writing across Europe, between the beginning of the 16th century and the last third of the 17th century. The third part deals with the reception of the Sepulchretum in Europe and its influence on the development of pathological anatomy in the first two thirds of the 18th century, until the new reference work, Morgagni's De sedibus. Finally, it describes the emergence during the same period of a critical look at this field of study, ranging from a cautious reserve to a real rejection. Of a practical but above all theoretical nature, these criticisms led to the elaboration of a reflection on the limits of the practice and on a better consideration of its complexity.
Directeur de thèse :
Joël COSTE
Unité de recherche :
Savoirs et pratiques du Moyen Âge à l'époque contemporaine
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Joël COSTE
  • Examinateur : Jean-Marc MANDOSIO
  • Président : Danielle JACQUART , Directeur de recherche (EPHE-PSL)
  • Rapporteur : Maria Pia DONATO , Directeur de recherche (CNRS)
  • Examinateur : Silvia DE RENZI , Maître de conférences (The Open University)
  • Rapporteur : Isabelle ROBIN , Maître de conférences (Sorbonne Université)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire moderne et contemporaine