Andréa-Luz
GUTIERREZ CHOQUEVILCA
Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca est anthropologue linguiste, titulaire de la chaire Religions des Indiens Sud-américains : sociétés des basses-terres à la Ve section (Sciences religieuses) de l’École Pratique des Hautes Études. Elle est directrice de l’équipe Anthropologie linguistique du Laboratoire d’anthropologie sociale au Collège de France et préside la Société des Amis des Sciences Religieuses (SASR), anciennement Société Marcel Mauss de la Ve Section de l’EPHE.
Ses recherches portent sur la voix et les rapports entre la poétique (oralité, écriture), la cognition, le rituel et le religieux. Spécialiste des langues quechua, elle s’appuie sur des enquêtes de long cours menées en Amazonie (peuples Runa et Achuar Aents chicham) et dans les Andes (quechua), au Pérou, en Équateur et en Bolivie, pour déchiffrer les langues secrètes des chamanes amérindiens (Voix de maître et chants d’oiseaux. Pour une anthropologie pragmatique de la communication rituelle. PhD, 2 vol. Univ. Paris Nanterre 2012). Ses travaux sur la voix rituelle et la poétique chamanique (Livres sorciers, 2021 Gradhiva) interrogent la notion d’auctorialité et d’« écriture rituelle au second degré », la réflexivité des traditions amérindiennes et la participation des peuples autochtones à l’élaboration du savoir anthropologique (Claude Lévi-Strauss. Penser le monde autrement, ed. L’Herne, 2022 ; colloque Langues autochtones d’Amérique du Sud : mémoire et transformations Collège de France). Dans le cadre d’une approche pragmatique de l’animisme, elle étudie la polyglossie comme un mode central de relation à autrui, fondé sur la permutation entre des codes linguistiques ou sémiotiques et l’aptitude à communiquer par-delà les frontières spécifiques. Elle aborde la production sociale d’un monde partagé, à partir d’une approche écologique des savoirs et des interactions entre humains, espèces vivantes, esprits et espaces terrestres, dans le chamanisme et la chasse. Dans une perspective transdisciplinaire, elle a développé des recherches sur la notion de pharmakôn et de poison, les mondes végétaux et pharmacopées en Amérique tropicale (Guérir, Tuer, Cahiers d’anthropologie sociale, l’Herne, 2017). Elle prépare entres autres la publication d’une Materia medica en langue quechua en collaboration avec les peuples Runa de Haute Amazonie.