PROCLAC : la médiation au cœur de la science

PROCLAC : la médiation au cœur de la science

Le 15 juin dernier, l'UMR 7192 PROCLAC (« Proche-Orient – Caucase : langues, archéologie, cultures »), dirigé par Nuria de Castilla (directrice d’études à l’EPHE - PSL), a participé au Festival « Double.Science », grand rendez-vous estival autour de la médiation scientifique à Paris.

Sélectionné par l’Université PSL pour y participer, PROCLAC est le premier laboratoire en sciences humaines et sociales – et à ce jour le seul – à y avoir pris part.

 

Plusieurs doctorants et postdoctorants de PROCLAC, ainsi que des mastérants de la chaire « Histoire et codicologie du livre manuscrit arabe » de l’EPHE - PSL ont ainsi été mobilisés sur le festival : Ahmed Aghray, Matteo Bächtold, Eda Çelik, Claudia Cheklam, Abduselam Fetić, Riham Aida Mokrani, Gasangusen Sulaibanov et Mélanie Victor-Motta ; là encore une référence à l’échelle du festival.

 

Les visiteurs étaient invités à un « Voyage dans l’univers des manuscrits médiévaux et des alphabets dans l’Europe d’aujourd’hui » articulé en trois activités ludiques :

- Une adaptation du jeu « Dobble » avec des lettrines de l’époque médiévale
- Un atelier de création de lettrines enluminées
- Un jeu de géographie autour des alphabets utilisés en Europe

 

Un travail de longue haleine (et salutaire)

Cette participation à « Double.Science » est l’aboutissement d’un processus de plusieurs mois d’irrigation des activités de recherche par la médiation scientifique, que Nuria de Castilla, arrivée à la tête de l’unité en janvier 2025, souhaite amplifier en donnant la parole aux doctorants. Il faut dire que l’unité est riche de jeunes chercheurs très actifs. En avril 2025, Matteo Bächtold et Riham Aida Mokrani, avaient en effet participé à l’initiative « Dans la peau d’un chercheur » porté par le Collège de France dans le cadre du dispositif « Passerelle » à destination des élèves des classes prioritaires de Seine-Saint-Denis.

 

« Cela nous a donné un sacré coup de fouet » selon Matteo Bächtold.

 

L’enjeu n’est plus simplement de communiquer sa science, mais aussi de saisir l’imaginaire de ces jeunes, parfois très intransigeants. Si l’étonnement est au rendez-vous, le questionnement foisonnant – et souvent très intéressant – qui en découle est particulièrement utile à la conduite d’un projet de recherche, remarque Riham. Elle nous livre également que l’aide des médiateurs – qu’ils soient de PSL ou du Collège de France – a été très utile, avant et pendant l’événement, pour rendre l’expérience de médiation plus fluide et plus ludique encore.

 

Se laisser surprendre

Il ressort de cet événement une capacité des visiteurs à se montrer curieux ; ils en ressortent surtout surpris par la richesse des enjeux liés à l’histoire de l’écriture, aux matériaux utilisés dans la fabrication du livre médiéval, ainsi qu’aux différents métiers qui lui étaient associés. Matteo Bächtold, appelle ainsi à « mettre en œuvre cette science de l’étonnement et de prendre goût à donner le goût » en laissant, notamment, entrevoir qu’on peut « faire un doctorat dans de nombreux domaines inattendus » tout en étant « proche de leur quotidien » selon Nuria de Castilla. C’est tout le sens de son séminaire d’Introduction à la codicologie arabe dans lequel il arrive à certains étudiants et auditeurs de mettre en relief leur propre patrimoine culturel en faisant un lien entre le passé et le présent, entre l’Orient et l’Occident, entre les alphabets et les langues. Enfin, la surprise vient aussi saisir le doctorant lui-même. Il prend conscience, au contact du public, de son rôle social tout en découvrant que son travail de recherche, si singulier, peut être un aspect d’une thématique plus générale parlant au public.

 

Lutter contre les préjugés

Le jeu autour de la géographie (translittération des noms de villes européennes et maghrébines) a été particulièrement utile pour contextualiser l’usage des alphabets à travers des anecdotes culturelles, historiques, linguistiques et sociologiques. Sa forme interactive en a fait un excellent point d’entrée vers des discussions plus profondes, avec des visiteurs souvent désireux d’en savoir plus sur la diversité des systèmes d’écriture présents dans l’espace européen et méditerranéen ; parfois en mobilisant une culture familiale qu’ils n’ont pas l’habitude d’invoquer. Les conséquences de cette ouverture sont vertigineuses.

 

Une nouvelle ère portée par la médiation ?

Ces échanges spontanés ont souvent prolongé l’expérience en de véritables discussions. Il en ressort un goût renouvelé pour la « question », prémisse nécessaire pour conduire de futures activités de recherche, qui met en lumière l’efficacité du dispositif de crédits d’heures liés aux missions doctorales dont ont pu profiter les doctorants mobilisés au Festival « Double.Science ». Matteo Bächtold donnera également quelques heures à la Cité des Sciences et de l’Industrie dans quelques mois (Village des doctorants). Riham Aida Mokrani, pour sa part, mettra en œuvre le stage UROP « Manuscrits à l’heure de TikToK » (destiné à accueillir les étudiants en L2/L3/M1 au sein du laboratoire PROCLAC) et prendra part également à la mise en œuvre du hackathon dirigé par Nuria de Castilla « AljamiaTech. Aljamiado Manuscripts through Digital Humanities » dans le cadre de la semaine de découverte PSL WEEK (mars 2026), qui consistera à transcrire automatiquement une série de manuscrits du XVIe siècle, écrits en espagnol, en caractères arabes (manuscrits aljamiados).

 

L’UMR PROCLAC poursuivra à la rentrée cet engagement en faveur de la médiation. Des propositions ont déjà été envoyées à la Fête de la Science qui aura lieu en octobre. Quelques-uns de ses membres seront aussi très actifs lors des Journées du patrimoine (septembre). En même temps, PROCLAC a répondu à l’appel à l’AMI 2025 Collectifs UROP (Undergraduate Research Opportunities Program PSL), et va offrir 7 stages de thématiques différentes (histoire du livre, histoire des collections, archéologie, valorisation patrimoniale, humanités numériques, langues et cultures anciennes). PROCLAC participera aussi activement au programme « Résilience » (recherche interdisciplinaire européenne au service de l’étude de la religion), accueillant un stagiaire au sein de l’axe « Histoire du livre et Humanités numériques ».

 

Au-delà de la sensibilisation du public à la recherche en histoire et philologie, la participation au Festival « Double.Science » a également renforcé la cohésion entre les membres de PROCLAC présents, dans une dynamique collective stimulante et conviviale. Elle pourrait bien insuffler un vent nouveau dans la pratique de la recherche, notamment en humanités numériques au sein de l’EPHE comme de PSL. Chers doctorants, il vous reste d’ailleurs jusqu’au 31 juillet pour déposer une demande de labélisation (financement) pour la prochaine Fête de la Science ; saisissez votre chance et faites connaître votre travail sur les réseaux !

 

En savoir plus sur :
PROCLAC - UMR 7192 « Proche-Orient – Caucase : langues, archéologie, cultures »

 

 

Les actions de culture scientifique soutenues par PSL

  • AMI Fête de la Science, lancée entre avril et juin pour événement en octobre
  • AMI Semaine du Cerveau, lancée en fin d’année pour un événement en mars
  • AMI Double.Science, lancée en mars pour un événement en juin
  • Appel à participation pour le festival Pariscience, lancé en mars
  • Soutien ponctuel à des actions de médiation (sur demande)