Oman - Désert

Climat : comprendre le passé pour anticiper le futur

Sciences de l'environnement

La péninsule arabique est aujourd’hui dominée par d’immenses déserts mais il n’en a pas toujours été ainsi : entre moins 5 000 et moins 12 000 ans, de nombreux lacs, de la végétation, des animaux, des écosystèmes bien différents y existaient.

C’est pour retrouver les traces de ce passé que des missions exploratoires sont menées à Oman et jusqu’en Antarctique par Johan Etourneau, enseignant-chercheur à l’EPHE - PSL.

 

Traverser Oman du nord au sud c’est aller à la rencontre d’une succession de déserts : hautes dunes de sables ou vastes étendues pierreuses, c’est au choix. Difficile d’imaginer aujourd’hui ces paysages avec des lacs. Les organismes qui vivaient à cette époque, animaux, végétaux ont laissé des traces : leurs restes se sont déposés et ont été préservés au fil des milliers d’années dans des sédiments que l’on retrouve dans ces lacs aujourd’hui asséchés ou au fond des océans. À Oman, Johan Etourneau est donc allé à la recherche de ces traces sur quatre sites, repérés par le géologue omanais Mohammed Alkindi. Une fois sur place il faut « lire le terrain », trouver la place de l’ancien lac et creuser – sous un soleil de plomb – pour extraire des échantillons du sol. Ramenés en France dans des plaquettes ceux-ci seront analysés jusqu’à la moindre molécule de pollen, de lipide ou de brin d’ADN. Ces traceurs géochimiques devraient alors livrer des informations sur les conditions environnementales de l’époque : végétation, températures, précipitations. « Et plus on creuse, plus on remonte le passé » explique Johan Etourneau, pelle à la main.

 

Des indices au fond des grottes et en Antarctique

 

Une quête qui le mène également dans des endroits bien plus sombres : au fond des grottes ou depuis des milliers d’années les chauves-souris qui habitent les lieux ont déposé leur guano. Pour le chercheur cette matière constitue une véritable archive climatique. Il faut là aussi prélever, échantillonner et enfin analyser pour détecter les fluctuations chimiques de cette matière au fil des époques. Enfin, ces recherches sur le climat du passé se poursuivent jusqu’en Antarctique où le paléoclimatologue prélève également des échantillons au fond de l’océan. Car on le sait aujourd’hui, tout est interaction dans la machine climatique : les climats des pôles et des tropiques s’influencent mutuellement. Il faut donc croiser les histoires de ces régions pour avoir un tableau complet. « Comprendre pourquoi et comment le climat a pu changer, naturellement, dans ce passé pas si lointain nous permettra de mieux anticiper les changements à venir » estime Johan Etourneau.

 

Article de Patrick Chompré