Avis de soutenance - doctorat - Hajar ALICHANE

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Ecole doctorale 472
Collège de France
11, Place Marcelin Berthelot
75231 Paris Cedex05
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Soutenue par Hajar ALICHANE

Analyse de la denture jugale de l'enfant atérien de la Grotte des contrebandiers (Témara, Maroc)

Cette thèse s'inscrit dans le cadre de l'étude de l'évolution dentaire des populations humaines d'Afrique du Nord durant le Middle Stone Age, à partir de l'analyse morphologique et morphométrique d'un individu juvénile atérien exceptionnellement bien conservé, issu de la grotte des Contrebandiers (Maroc). En mobilisant une approche intégrée combinant les caractères non métriques, la morphométrie géométrique tridimensionnelle de la jonction émail-dentine, la surface externe de l'émail, le contour coronaire, l'épaisseur de l'émail et les dimensions dentaires (buccolingual and mesiodistal), cette recherche vise à caractériser les modalités d'expression de la variabilité dentaire au sein des Atériens et à évaluer leur position dans le spectre évolutif du genre Homo. Les résultats mettent en évidence une mosaïque morphologique, où des traits dérivés associés aux Homo sapiens, tels qu'un hypocône développé, une épaisseur accrue de l'émail ou des cuspides accessoires, coexistent avec des caractères plus primitifs reflétant une certaine robustesse dentaire. L'analyse morphospatiale révèle que l'enfant atérien s'inscrit majoritairement dans la variabilité des Homo sapiens fossiles du Levant et d'Afrique du Nord, tout en occupant une position marginale au sein du spectre morphométrique atérien. Les chevauchements ponctuels avec les Homo neanderthalensis, circonscrits à certains axes de variation secondaire, ne traduisent pas une proximité phylogénétique, mais s'interprètent comme des convergences fonctionnelles ou allométriques, possiblement liées à des régimes alimentaires similaires ou aux effets de la géographie. Ce travail réévalue la diversité morphologique des populations atériennes en soulignant l'existence d'une hétérogénéité intragroupe jusqu'alors peu documentée. Il démontre que les Atériens ne doivent pas être considérés comme une entité morphologique homogène, mais qu'ils constituent au contraire une composante intégrale de la variabilité plus large d'Homo sapiens durant le Pléistocène moyen et supérieur. Par son caractère intermédiaire et sa singularité structurale, l'enfant de la grotte des Contrebandiers apporte de nouveaux éclairages sur les dynamiques évolutives des populations nord-africaines et constitue un point de référence essentiel pour la compréhension des modalités régionales d'émergence, de différenciation et de diversification des premiers Homo sapiens.

Analysis of the jugal dentition of the Aterian child from the Contrebandiers Cave (Témara, Morocco)

This dissertation contributes to the study of dental evolution in North African human populations during the Middle Stone Age, through detailed morphological and morphometric analyses of a well-preserved juvenile Aterian individual from the Grotte des Contrebandiers (Morocco). By employing an integrative approach that combines non-metric dental traits, three-dimensional geometric morphometrics of the enamel-dentine junction, outer enamel surface morphology, crown outline analysis, enamel thickness, and dental dimensions (buccolingual and mesiodistal), this research aims to characterize patterns of dental variability within the Aterian group and assess their placement within the broader evolutionary spectrum of the genus Homo. The results reveal a morphological mosaic in which derived traits typically associated with Homo sapiens, such as a well-developed hypocône, increased enamel thickness, and the presence of accessory cusps, coexist with more primitive features indicative of enhanced dental robustness. Morphospace analyses show that the Aterian child mostly falls within the variability range of fossil Homo sapiens from the Levant and North Africa, while occupying a marginal position within the Aterian morphometric spectrum. Occasional overlaps with Homo neanderthalensis, restricted to specific axes of secondary variation, do not reflect phylogenetic affinity but are interpreted as functional or allometric convergences, possibly related to similar dietary constraints or geographical factors. This work reevaluates the morphological diversity of Aterian populations by underscoring a within group heterogeneity that has remained largely undocumented. It demonstrates that Aterians should not be viewed as a homogeneous morphological entity but rather constitute an integral part of the broader variability within Homo sapiens during the Middle and Late Pleistocene. Through its intermediate morphological position and structural singularity, the child from the Grotte des Contrebandiers offers new insights into the evolutionary dynamics of North African populations and stands as a key reference point for understanding the regional patterns of emergence, differentiation, and diversification among early modern humans.
Directeur de thèse :
Hélène COQUEUGNIOT
Unité de recherche :
Archéosciences-Bordeaux : Matériaux, Temps, Images et Sociétés
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Hélène COQUEUGNIOT , Professeur (UMR 6034 Archéosciences-Bordeaux)
  • CoDirecteur de thèse : Jean-Jacques HUBLIN , Professeur (Collège de France)
  • Rapporteur : Elsa GAROT , Professeur (UFR des Sciences Odontologiques de Bordeaux)
  • Rapporteur : Shara BAILEY , Professeur (Department of Anthropology, Center for the Study of Human Origins, New York University, New York, USA)
  • Examinateur : Gregorio OXILIA , Maître de conférences (Department of Medicine & Surgery)
  • Examinateur : Mohamed Abdeljalil EL HAJRAOUI , Professeur (Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP))
Diplôme :
Doctorat Systèmes intégrés, environnement et biodiversité
Spécialité de soutenance :
Quaternaire : géologie, paléontologie humaine, préhistoire