Avis de soutenance - doctorat - Yuewei WANG
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Yuewei WANG
Le culte de la divinité gNyan chen thang lha au Tibet
Le sujet de cette dissertation, Gnyan chen Thang lha, est à la fois le nom d'une divinité tibétaine et d'une montagne. C'est une célèbre montagne enneigée située près du lac Gnam mtsho dans le nord du Tibet. Gnyan chen Thang lha est donc aussi le dieu qui habite cette montagne sacrée en tant que mari de la déesse du lac Gnam mtsho. Il était le dieu local indigène avant l'arrivée du bouddhisme sur le plateau tibétain et est devenu le dieu protecteur bouddhiste. Cette étude examine l'identité et les caractéristiques de la divinité Gnyan chen thang lha dans les trois principaux systèmes religieux tibétains: la religion dite « payenne », le Bouddhisme tibétain, et la religion Bon. Elle est abordée ici comme un prisme pour comprendre les connections et les différences entre ces trois systèmes religieux tibétains et l'évolution historique sous-jacente.
Dans les textes anciens qui représentent la vision du monde du Tibet ancien, Thang lha a été construit comme le dieu de la montagne vénéré par le roi de la principauté pré-Yarlung Zing po rje Khri pang sum. Thang lha représentait la royauté de ce dirigeant avant qu'il ne soit vaincu par le roi du royaume de Yarlung. Plus tard, durant les premiers jours du royaume de Yarlung, Thang lha a été représenté dans les textes pertinents comme l'un des lha dgu, les neuf dieux de montagne/locaux qui avaient un lien agnatique avec les gnam lha khri bdun, les sept rois divins de Yarlung. Les lha dgu et les gnam lha khri bdun appartiennent à la même classe de dieux célestes connus sous le nom de Phyva. Dans les deux cas, Thang lha est associé à la royauté.
Selon les textes bouddhistes, Thang lha a trois identités principales: premièrement, c'était une divinité autochtone non-bouddhiste qui a finalement été soumise par le maître bouddhiste indien Padmasambhava. Après quoi, il est devenu le protecteur du Dharma bouddhiste. Deuxièmement, Thang lha est considéré comme la divinité personnelle du roi bouddhiste tibétain (le dharmarāja) Khri Srong lde btsan, le sku lha ou dieu du corps du roi. Enfin, Thang lha est le gardien du trésor des Trésors du Nord (Byang gter) de l'école bouddhiste Nyingmapa.
Dans les volumes 87, 143, 15, 244, et 255 de la collection canonique (Bka' brten) du Bon, il apparaît que les identités primaires de Thang lha sont doubles. Premièrement, il fait partie du groupe de divinités Yum sras lnga qui ont prêté serment devant les maîtres Bonpo pour devenir les protecteurs de leur religion. Par la suite, le groupe de divinités Yum sras lnga est considéré comme l'ensemble des protecteurs de trésors par le maître Bonpo Stong rgyung mthu chen (8ème siècle) pendant la répression de la religion Bon par le roi bouddhiste Khri Srong lde btsan. Yum sras lnga signifie “la mère et [quatre] fils, les cinq,” des protecteurs Bonpo importants, gardiens de trésors. Les identités fondamentales de Thang lha en tant que protecteur (srung ma) et gardien de trésors (gter bdag) découlent de son appartenance au groupe de divinités Yum sras lnga, où il figure en tant que Klu bdud Thang lha.
En conclusion, en étudiant l'identité du dieu de la montagne Thang lha dans différents types et contextes de textes historiques, on constate que ses multiples représentations reflètent la diversité des sources littéraires tibétaines et l'éventail des visions du monde qu'elles incarnent. Grâce à ces sources, il est possible de retracer la progression du protagoniste depuis sa place dans la religion indigène jusqu'à son rôle ultérieur dans le cadre du bouddhisme orthodoxe. La réécriture de l'identité des dieux de la montagne dans ce processus illustre la diminution du pouvoir des dieux locaux et leur transformation en subordonnés des divinités et des maîtres bouddhistes.
The cult of the mountain god gNyan chen thang lha in Tibet
The protagonist of this dissertation, Gnyan chen Thang lha, is the name of both a deity and a mountain. It is a famous Tibetan snow mountain located near Gnam mtsho lake in northern Tibet. At the same time, it is also the mountain god who inhabits this sacred mountain as the husband of the lake goddess Gnam mtsho. He was the indigenous local god before Buddhism came to the Tibetan plateau, and subsequently became a protector divinity for both Buddhism and Bon in the later period. This study examines how the identity and characteristics of the deity Gnyan chen thang lha were invented in three major Tibetan religious systems: “pagan” religion, Tibetan Buddhism, and Bon, and uses Thang lha as a prism through which to understand the connections and differences between these three Tibetan religious entities.
In the early texts which represent the pagan worldview in Tibet, Thang lha was constructed as the mountain god worshipped by the pre-Yarlung Dynasty principality king Zing po rje Khri pang sum. Thang lha represented the kingship of this ruler before he was defeated by the king of the Yarlung Kingdom (PT_1287, Dba' bzhed, ITJ_0734). Later, during the early days of the Yarlung Kingdom, Thang lha was represented in relevant texts as one of the lha dgu, the nine mountain/local gods who had an agnatic relationship with the gnam lha khri bdun, the seven divine Yarlung kings. The lha dgu and gnam lha khri bdun were both descended from the same class of celestial gods known as Phyva. In both cases, Thang lha is associated with kingship. In the first case, Thang lha was considered representative of the kingship of the local ruler Zing po rje. In the second case, he was seen as having a patrilineal relationship with the divine Tibetan kings who founded the Yarlung dynasty and conquered the surrounding principalities.
According to Buddhist texts, Thang lha has three core identities: First, he was a non-Buddhist, autochthonous divinity who was eventually subdued by the Indian Buddhist master Padmasambhava. After being subdued, he became a protector of the Buddhist Dharma. Secondly, Thang lha is regarded as the personal deity of the Tibetan Buddhist dharmarāja Khri Srong lde btsan, the god of the king's body (sku lha). And finally, Thang lha is the guardian of the Northern Treasures (Byang gter) of the Nyingmapa school of Buddhism.
From the volumes 87, 143, 15, 244, and 255 of the comprehensive collection Bon gyi bka' brten, we can find that Thang lha's primary identities are twofold. First, he is one of the Yum sras lnga group of deities who took an oath in front of Bonpo masters to become protectors of their religion. Subsequently, the Yum sras lnga group of deities is believed to have been appointed as a set of treasure protectors by the Bonpo master Stong rgyung mthu chen (8th century) during the suppression of Bon by the Buddhist king Khri Srong lde btsan. Yum sras lnga means “the mother and [four] sons, the five,” an important group of Bonpo protectors and treasure guardians. Thang lha's core identities as protector (srung ma) and treasure guardian (gter bdag) are derived from his membership of the Yum sras lnga deity group, in which he features as Klu bdud Thang lha.
In conclusion, by studying the identity of the mountain god Thang lha in different types and contexts of historical texts, his multiple representations reflect the diversity of Tibetan literary sources, and the range of worldviews embodied in them. Through these sources, it is possible to trace the progress of the protagonist from his place in the indigenous religion to his later role in the framework of orthodox Buddhism. The rewriting of the identity of the mountain gods in this process illustrates the diminution of the power of the local gods and their transformation into subordinates of Buddhist deities and masters.
Directeur de thèse :
Charles RAMBLE
Unité de recherche :
Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie Orientale
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Charles RAMBLE
- Président : Daniel BEROUNSKY , Professeur des universités (Université Charles)
- Rapporteur : Marc DES JARDINS , Professeur des universités (Université Concordia)
- Examinateur : Hildegard DIEMBERGER , Professeur des universités (Université de Cambridge)
- Examinateur : Matthew KAPSTEIN , Directeur d'études émérite (EPHE)
- Président : Daniel BEROUNSKY , Professeur des universités (Université Charles)
- Rapporteur : Marc DES JARDINS , Professeur des universités (Université Concordia)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Langues, civilisations et sociétés orientales