Avis de soutenance - doctorat - Xiaoming HOU
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Xiaoming HOU
Pratiquer le bouddhisme en chinois : traduction et reconstruction des enseignements sur la méditation bouddhique du IIe au VIe siècles en Chine.
La présente thèse s'inscrit dans une discussion générale sur la transmission interculturelle des religions scripturaires, et porte plus spécifiquement sur la formation du bouddhisme chinois à travers l'interprétation des textes traduits. Les études antérieures sur ce sujet ont tendance à privilégier les deux extrémités du processus : elles se concentrent soit sur l'étude philologique de la traduction des sources en langues indiennes vers le chinois, soit sur le développement de la pensée bouddhique en Chine, en supposant la transparence du langage dans la transmission des « idées ». En revanche, notre recherche se concentre précisément sur l'histoire longtemps occultée de la partie médiane : le processus d'interprétation venant après la traduction et construisant la pensée. Dans ce cadre, la présente thèse prend pour objet d'enquête l'interprétation des enseignements de la méditation, avec pour point d'arrivée la grande synthèse sur la méditation réalisée par Zhiyi 智顗 (538-597), le fondateur de l'école Tiantai. Un aspect central de cette enquête est le rôle de l'exégèse dans la transformation de la méditation du IIe au VIe siècle de notre ère. Nous l'abordons à partir de deux perspectives majeures, l'une consistant en une analyse philologique détaillée de la technique exégétique de Zhiyi et de la transformation qu'elle a imposée aux enseignements sur la méditation; l'autre étudiant l'idéologie des pratiques exégétiques dans leur contexte herméneutique et socio-religieux avant et pendant l'époque de Zhiyi. Ces deux approches s'appuient sur une variété de sources allant des traductions chinoises de textes bouddhiques ainsi que leurs parallèles disponibles dans d'autres langues du bouddhisme, aux compositions chinoises de nature scholastique, littéraire, hagiographique et bibliographique. Les résultats de notre recherche remettent en question une dichotomie longtemps entretenue entre l'exégèse et la méditation dans les études bouddhiques et l'étude des religions. Elle montre que la tentative des exégètes chinois de comprendre les traductions des enseignements sur la méditation bouddhique n'a pas eu pour objectif principal de « rendre les choses claires », mais de « rendre les choses profondes et complexes » de manière structurelle et ordonnée. La pratique de l'exégèse s'est transformée en une forme d'exercice spirituel à part entière, où les éléments linguistiques des traductions ont été utilisés comme des outils de réflexion pour mener à bien une méditation discursive. Au cours de ce processus, l'acte d'élaboration discursive, plus soucieux de solidité formelle, prédomine sur la cohérence idéologique du contenu ainsi élaboré. Cette mise en évidence du caractère pratique et « instantané » de l'exégèse bouddhique chinoise apporte un élément original dans l'étude de l'exégèse religieuse en général.
Practice Buddhism in Chinese: Translation and Reconstruction of meditation teachings from the Second to the Sixth Centuries
The present thesis engages the broad conversation of cross-cultural transmission of scriptural religions, with a specific focus on the formation of Chinese Buddhism through the interpretation of translated texts. Previous scholarship on this subject tend to prioritize the two ends of this process. It focuses on either the philological study of translation from Indic sources to Chinese or the development of Chinese Buddhist thought, assuming the transparency of language in the transmission of “ideas”. In contrast, our research focuses precisely on the long-occulted history of the middle: the process of interpretation, after the translation, constructing the thought. Within this framework, the present thesis takes as its subject of interrogation the interpretation of meditation teachings. It takes the major meditation synthesis made by Zhiyi 智顗 (538-597), the founder of Tiantai school, as the point of arrival and studies the question of how exegesis transformed meditation from the second to the sixth century CE. We answer this question from two major perspectives. One undertakes a detailed philological analysis of both Zhiyi's exegetical technique and the transformation that it imposed on the meditation teachings. The other studies the historical conception of exegetical practices in the hermeneutical and socio-religious context before and during Zhiyi's time. Both draw from a variety of sources ranging from Chinese translations of Buddhist texts with their existing parallels in other Buddhist languages, to Chinese compositions of scholastic, literary, hagiographical, and bibliographical nature. The findings of our research upend a long-held dichotomy between exegesis and meditation in religious/Buddhist studies. It shows that the attempt to understand the translated Buddhist meditation teachings did not end up being primarily concerned with “making things clear”, but “making things deep and complex” in a structural, orderly way. The practice of exegesis has turned into a form of spiritual exercise in its own right, where the linguistic elements in the translations were used as tools of reflection to carry out a discursive meditation. During this process, the act of discursive elaboration, which is more concerned with formal soundness, predominates over the ideological coherence of the content elaborated. This emphasis on the practical and “instantaneous” character of Chinese Buddhist exegesis provides an original element in the study of religious exegesis in general.
Directeur de thèse :
Jean-Noël ROBERT
Unité de recherche :
Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie Orientale
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Jean-Noël ROBERT , Directeur d'études (EPHE, Collège de France)
- Président : Vincent GOOSSAERT
- Examinateur : Ester BIANCHI , Associate professor (Università degli Studi di Perugia)
- Examinateur : Eric GREENE , Associate professor (Yale University)
- Examinateur : Michael RADICH , Professor (University of Heidelberg)
- Rapporteur : Liying KUO , Directeur d'études émérite (Ecole française d'Extrême Orient)
- Rapporteur : Jérôme DUCOR , Privat-docent, Conservateur honoraire (Université de Lausanne, Musée d'Ethnographie de Genève)
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Histoire des religions et anthropologie religieuse