Avis de soutenance - doctorat - Baptiste TOCHON-DANGUY

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Ecole doctorale 472
Sorbonne – 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, escalier E, 1er étage, Salle Delamarre
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Soutenue par Baptiste TOCHON-DANGUY

Il furore dell'arte : sculpture et métaphysique du mouvement de Jacopo della Quercia à Giambologna.

Comment un mouvement s'exprime-t-il dans une matière inerte ? C'est ce problème, commun à l'esthétique et à la métaphysique de la Renaissance, qu'envisage ce travail. Si les sculpteurs ont cherché à exprimer ce que Vasari, devant le saint Georges de Donatello, décrit comme « un merveilleux geste de se mouvoir dans la pierre », la réflexion sur le rapport entre le mouvement et la matière qui le reçoit, l'exprime mais aussi le fige, a été au cœur de la métaphysique de la Renaissance, de Dante à Giordano Bruno. Il s'agit de préciser les contours de ce que Warburg nomme « une esthétique énergétique », en rapport avec la « conception dynamique du réel » (Eugenio Garin) qui marque le néoplatonisme de Florence et certaines théories aristotéliciennes et médicales. Pour de nombreux auteurs de la Renaissance, le mouvement est une qualité positive et productive, « signe de la vie intérieure », une énergie qui caractérise en propre la beauté, qui n'est rien d'autre qu'« acte, vivacité et grâce » (Marsile Ficin). Le furore dell'arte, expression inventée par Vasari à propos des esprits dansants de Donatello, constitue une notion privilégiée pour explorer cette théorie du mouvement: elle désigne l'énergie de l'artiste qui, possédant « en idée ce qu'il désire faire », naît « d'un coup de son concept » et « s'exprime en quelques coups ». Elle articule la théorie de l'art (de « l'esprit emporté » du mauvais peintre d'Alberti à la « fureur de la figure » de Lomazzo) et la réflexion philosophique (Ficin, relisant Platon et Plotin, fait du furor divinus et de l'éros créateur des notions centrales de sa philosophie). Confrontée aux pratiques réelles des sculpteurs (dessins préparatoires, modelage, taille sur pierre ou fonte du bronze), cette notion invite à explorer le dialogue qui s'est noué, au sein d'un milieu visuel commun et d'ambiances de pensées partagées, entre la richesse conceptuelle et métaphorique des textes et la pensée plastique, technique, des sculpteurs, des putti par lesquels Jacopo della Quercia anime le tombeau d'Ilaria del Carretto aux figures serpentinate qui ornent les monuments de Michel-Ange et Giambologna.

Il furore dell'arte: sculpture and metaphysics of movement from Jacopo della Quercia to Giambologna.

How is movement expressed in inert matter? This problem, common to Renaissance aesthetics and metaphysics, is the subject of our thesis. While sculptors sought to express what Vasari, in front of Donatello's Saint George, described as “a marvellous gesture of moving in stone”, reflection on the relationship between movement and the matter that receives it, expresses it but also freezes it, was at the heart of Renaissance metaphysical thought, from Dante to Giordano Bruno. The aim of this work is to clarify the contours of what Warburg calls 'an energetic aesthetic', in relation to the 'dynamic conception of reality' (Eugenio Garin) that marks the Neoplatonism of Florence and some Aristotelian and medical theories. It implies that movement is not just a transitory process, but also an energy that characterises beauty itself, which is nothing other than “act, vivacity and grace” (Marsilio Ficino). “Furore dell'arte”, an expression coined by Vasari to describe Donatello's dancing spirits, is a key concept for exploring the energetic concept of movement: it refers to the energy of the artist who, possessing “in idea what he wishes to do”, developps “in a single burst of his concept” and “expresses himself in a few strokes”. It also links theory of art (from the “ingenium fervens” of Alberti's bad painter to Lomazzo's “fury of the figure”) and philosophical reflection (Ficino, rereading Plato and Plotinus, transforms furor divinus and productive love into central notions of his philosophy). While it needs to be measured and compared with the actual practices of the sculptors (preparatory drawings, modelling, stone carving or bronze casting), this singular notion invites us to explore the dialogue that developed, within a shared visual environment and ambience of thought, between the conceptual and metaphorical richness of the texts and the plastic, technical thinking of the sculptors, from the putti which animates Jacopo della Quercia's tomb of Ilaria del Carretto to the serpentine figures that adorn the monuments of Michelangelo and Giambologna.
Directeur de thèse :
Stéphane TOUSSAINT
Unité de recherche :
Laboratoire d'études sur les monothéismes
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Stéphane TOUSSAINT , Directeur de recherche (Sorbonne Université LLSHS (Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sociales))
  • Rapporteur : Denis ROBICHAUD , Associate professor (University of Notre Dame)
  • Examinateur : Audrey RIEBER , Maître de conférences (ENS de Lyon)
  • Examinateur : Jérémie KOERING , Professeur (Université de Fribourg)
  • Rapporteur : Ulrich PFISTERER , Professeur (Ludwig-⁠Maximilians-⁠Universität München)
  • Président : Carole TALON-HUGON , Professeur des universités (Sorbonne Université)
  • Examinateur : Sabine FROMMEL
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Philosophie, textes et savoirs