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Parutions de nos enseignants-chercheurs. Novembre 2023

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La dîme du corps

Doctrines et pratiques du jeûne

Volume 2 : Jeûnes chrétiens. Jeûnes d'aujourd'hui

Mohamed Hocine Benkheira, Sylvio De Franceschi (eds)

 

Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue, le jeûne est un acte éminemment culturel qui semble être associé à la médecine, à la religion et aux conflits dans la société. Envisagé du point de vue de ses finalités, il peut prendre trois visages : thérapeutique, politique et religieux. Dans ce triptyque, le jeûne motivé par des considérations religieuses est le plus important. Il comporte un trait caractéristique : la scission du sujet entre une part qui recherche la vérité profonde de l’existence – esprit, âme, intellect – et une part qui recherche des satisfactions finies – corps physique, âme concupiscente. Pour réduire l’affrontement entre les deux parties, la seule solution est de lutter contre les passions physiques, et on peut dire qu’au cœur du jeûne religieux, il y a une psychomachie. Si la pratique du jeûne alimentaire n’est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui partout s’y appliquent sont en revanche innombrables. Infinie variété dont le présent volume veut donner l’illustration en multipliant les types d’approches et les points de vue dans l’espace et le temps. Si l’histoire de la sexualité a donné lieu à des recherches abondantes, force est de constater que l’histoire de l’alimentation n’a quant à elle trouvé sa place que dans la mesure où elle était associée à la gastronomie et que la pratique du jeûne, qui compte au nombre des « techniques de soi » les plus fondamentales, n’a jamais pu accéder au statut d’objet majeur des études historiques. Les travaux ici rassemblés entendent combler une lacune qui n’est restée que trop longtemps béante dans le champ des investigations relatives aux pratiques alimentaires.

Première de couverture. BEHE SR 201, volume 2

Une quête tibétaine de la sagesse

Prajñāraśmi (1518-1584) et l’attitude impartiale (ris med

Marc-Henri Deroche

 

Prajñāraśmi (1518-1584), ou « Lumière de Sagesse », est le nom de plume sanskrit d’un auteur tibétain qui vécut durant une période de crise politico-religieuse située entre la pleine assimilation du bouddhisme indien par les Tibétains et l’instauration du régime des Dalaï-Lamas. Dans ce contexte d’instabilité, Prajñāraśmi se distingua par une formation éclectique exceptionnelle et un enseignement qui, centré sur l’idée de sagesse – ou gnose –, chercha à montrer l’unité des différentes traditions du bouddhisme au Tibet.

Ses grands textes sont présentés et traduits dans cet ouvrage, notamment l’Ambroisie de l’étude, de la réflexion et de la méditation, et la Lampe qui illumine les deux vérités, qui traite de la philosophie de la voie du milieu (Madhyamaka). Sa biographie, ainsi que l’étude de son œuvre et de son héritage, révèlent une filiation entre les renouveaux de l’école des Anciens (Rnying ma pa) durant la réunification du Tibet sous le Ve Dalaï-Lama (XVIIe s.), la nouvelle révélation de ’Jigs med gling pa (XVIIIe s.), et la floraison du mouvement « impartial » (ris med, XIXe siècle) avec la collection transsectaire du Trésor des instructions spirituelles.

Il se dessine ici une quête tibétaine de la sagesse qui, conjuguant l’histoire des traditions, le discours philosophique, le yoga et la contemplation, visait à une liberté intérieure.

Première de couverture. BEHE-SR 196

Dictionnaire de la guerre de Cent Ans

Sous la direction de Jean-Marie Moeglin

 

Cet ouvrage monumental, conçu par les meilleurs spécialistes sous la direction de Jean-Marie Moeglin, propose la description complète d’un conflit séculaire qui structura l’histoire de deux nations, la France et la Grande-Bretagne, entre le XIVe et le XVe siècles. La guerre de Cent Ans a longtemps souffert d’une conception historiographique ancienne et étriquée ; on l’a décrite comme une suite plus ou moins erratique de batailles ; on y a vu de manière anachronique le choc de deux sortes d’impérialismes, un affrontement pour la prépondérance de deux États-nations avant la lettre, la France et l’Angleterre. Il y fallait une révision d’ensemble. C’est ici chose faite. Ce Dictionnaire donne une vision nouvelle de la guerre de Cent Ans, née d’une rivalité entre deux rois dont l’un réclamait une couronne que l’autre se serait appropriée sans droit. Autour de cette querelle s’agrégeait une multitude d’autres affrontements locaux. Cette logique a fait de la guerre de Cent Ans un épisode dans lequel les liens personnels, les affaires d’honneur blessé et de réclamations obstinées de terres et de droits, les haines recuites transmises de génération en génération occupaient le devant de la scène. L’ouvrage montre comment des conflits périphériques se greffant sur le conflit central entre deux rois puissants et la nécessité de leur donner une légitimation politique ont amené les royaumes de France et d’Angleterre à se transformer en États administrativement organisés, militarisés et dotés d’une idéologie cohérente au sein de laquelle l’obéissance au roi légitime devenait une vertu première. Scientifiquement rigoureux, ce Dictionnaire propose, au-delà du mythe qu’elle a suscité, une histoire totale de la guerre de Cent Ans, devenue partie intégrante de notre imaginaire national.

Première de couverture. Dictionnaire de la guerre de Cent ans

La Comédie élégiaque

Un essai de typologie des sources médiévales

Klementyna Aura Glińska

 

Le présent essai tente de déconstruire le corpus des « comédies élégiaques ». En tenant compte de la socialité et de la matérialité des textes, ainsi que de leur tradition manuscrite, il propose des postulats méthodologiques d’une interprétation basée sur la théorie rhétorique médiévale. 

Le terme de ‘comédie élégiaque’ fut forgé au XIXe siècle pour classer une dizaine de textes latins datés du XIe au XIIIe siècle, conservés dans des manuscrits et incunables de provenance variée, française, anglo-normande, italienne et germanique (de leurs auteurs, on ignore quasiment tout, sinon qu’ils furent formés ou influencés par le milieu poétique du Val de Loire). Entrèrent dans ce classement, la langue (le latin, sans interpolations vernaculaires), la forme métrique (le distique élégiaque), le type de discours (le dialogue ou, plus souvent, l’alliance de passages narratifs et de dialogues) et la matière (profane et antiquisante). À la fin du XIXe siècle, un critère supplémentaire de nature stylistique – les similia ovidiens – vint se greffer, pour y associer quelques poèmes hexamétriques. Au tournant du XXe siècle, les successeurs des inventeurs du corpus tentèrent d’élargir la définition de la comédie élégiaque, d’une part, au rôle constitutif de l’intrigue portée par une image ovidienne de la passion amoureuse et une représentation misogyne de la femme ; d’autre part, au travers de la présence d’un servus nequam imitant un type de personnage de la comédie romaine.

Première de couverture. La Comédie élégiaque