Moment de savoir

Le fonds de dotation de l'EPHE – PSL fête ses deux ans

Depuis plus de 150 ans, l'École a su évoluer et répondre aux défis qui lui étaient lancés, tout en restant fidèle au principe qui a prévalu à sa création : former à la recherche par la pratique de la recherche. Aujourd'hui, elle souhaite accélérer son développement et amplifier son rôle d'interface entre la société et la recherche pour mieux répondre aux nouveaux enjeux du monde contemporain. C'est pourquoi, l'EPHE - PSL a lancé une grande campagne de mécénat.

 

Marie Pierre Lamotte

Retour sur cette aventure avec Marie-Pierre Lamotte, responsable du Mécénat de l’EPHE – PSL.

 

J’ai développé des compétences en marketing stratégique et opérationnel et en collecte de fonds et mécénat dans deux univers, celui des médias, aux Échos et à Libération par exemple, et celui de l’intérêt général, entre autres à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France et à l’UNICEF. Le fil conducteur de mon parcours : accompagner ces structures à un moment clé de leur histoire, changement de modèle économique, changement d’actionnaire, changement en termes d’organisation.

 

Dans ces différents contextes, j’ai toujours envisagé mes prises de poste au travers d’une grille d’analyse que j’ai adaptée en fonction des situations : audit, diagnostic interne et externe, élaboration d’une stratégie - objectifs, outils, indicateurs de mesure - mesure d’impact et reporting.

 

C’est par ce prisme que j’ai abordé mon arrivée à l’EPHE - PSL, enthousiasmée par la perspective de mettre mes compétences au service d’un établissement prestigieux, d’initier une démarche nouvelle avec un enjeu fort, au service de l’école et de ses enseignants-chercheurs passionnés autant que passionnants.

 

Chaque établissement est unique, chaque école possède ses spécificités, par conséquent les initiatives qui fonctionnent pour les uns ne sont pas systématiquement duplicables. Mes premiers pas à l’EPHE - PSL m’ont donc conduite à formuler les spécificités de l’école sous forme d’un discours de cause organisé autour de la mission de l’école : ce qu’elle fait aujourd’hui, de sa vision : là où elle veut aller, de ses valeurs : ce qui l’anime. L’exercice, qui rime avec humilité et prise de recul, suppose de faire fi de toute idée préconçue. Il m’a permis de formuler une promesse de campagne « Plus qu’une École, un engagement envers la science et la connaissance », articulée autour de quatre axes stratégiques : soutenir la recherche et l’innovation, tisser le lien entre le monde socio-économique et la recherche, préserver et transmettre les savoirs des mondes anciens, soutenir les étudiants.

 

La construction de la démarche mécénat

 

Dans le même temps, le mécénat s’est rapidement structuré, d’une part autour de la perspective d’un don important en capital attendu d’une ancienne élève, fondatrice du Roshan Cultural Heritage Institute qui finance des projets dont l’objectif est de faire rayonner la culture iranienne, et d’autre part autour de l’élaboration d’un portefeuille de projets. La conjugaison des deux approches a abouti à un objectif de collecte de 4 millions d’euros en 4 ans. Le travail de terrain s’est poursuivi à partir des deux véhicules de collecte : le fonds de dotation qu’il a fallu créer de toutes pièces puisque l’école, en tant qu’établissement public, n’est pas autorisée à faire fructifier un capital, et le mécénat classique.

 

Rechercher des mécènes pour un projet suppose dans un premier temps de bien le comprendre pour être à même d’en parler avec enthousiasme et en mettant en relief ce qui peut attirer un donateur. Concrètement, cela signifie situer le projet dans un contexte, identifier l’enjeu auquel il apporte une solution, démontrer que l’EPHE – PSL est légitime à le porter, en définir les contours précis tant financiers que temporels, en évaluer l’impact et le valoriser. Le travail de ciblage est la seconde étape. Au vu du projet, quels sont les mécènes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes centres d’intérêt. Car soutenir un projet n’est pas simplement donner de l’argent pour obtenir une déduction fiscale. Et aller à la rencontre d’un donateur n’est pas frapper à une porte et demander de l’argent. Il s’agit de mettre en cohérence un projet et des valeurs, des envies, de faire rêver, de présenter une vision d’avenir.

 

Chaque projet est unique, spécifique, original, chaque enseignant-chercheur est différent, mon travail d’interprète du projet, de jeu de piste pour trouver les bonnes cibles, les bons interlocuteurs, le bon angle d’attaque est remis en question pour chacun d’entre eux. Chaque sujet demande de sortir de sa zone de confort pour imaginer des solutions, d’écouter, de se mettre à la place de son interlocuteur, de déployer opiniâtreté et énergie car les réponses négatives sont plus fréquentes que les réponses positives, mais derrière chaque non se cache un potentiel oui, plus tard. La démarche s’inscrit en effet sur le long terme et doit être portée par une gouvernance aidante.

 

Les résultats à ce jour

 

À ce jour, elle a fonctionné puisque le don important que nous attendions est arrivé, que plusieurs projets ont été financés, et que d’autres sont en passe de l’être. 60 % de l’objectif de collecte est atteint, grâce à des partenaires prestigieux, Roshan Cultural Heritage Cultual Institute, le programme santé du mécénat des mutuelles AXA, Allianz Outre-Mer, la Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE pour la vitalité artistique.

 

Le défi aujourd’hui est multiple : donner de la visibilité à la démarche mécénat, continuer à travailler à partir de projets vers la cible entreprises, élargir à une approche École, car nous pouvons désormais nous appuyer sur plusieurs succès, entamer une démarche à destination des particuliers et notamment les alumni. Mais tout cela s’inscrit dans du temps long. Comme tout autre univers, celui de la philanthropie a ses sujets à la mode. Aujourd’hui, l’inclusion et la préservation de la biodiversité ont le vent en poupe. L’EPHE - PSL développe des projets sur ces deux sujets, mais en interne, l’enjeu du mécénat consiste davantage pour moi à proposer des projets qui transportent un mécène dans quelque chose de différent, qui lui permette d’affirmer ses propres valeurs. L’École est spécifique, ses mécènes doivent en être conscients pour en faire une opportunité, tout comme nous un atout.

 

Autre sujet actuel : la mesure d’impact et le changement d’échelle. Nombre de nouveaux philanthropes refusent de financer un projet qui n’offre pas de perspectives à moyen terme si ce n’est d’aller chercher de nouveaux soutiens financiers. Ils sont très attentifs à la pérennité des modèles économiques et à leur hybridation, ils sont légitimement exigeants en termes de reporting. Il faut donc se montrer irréprochables.

 

Pour l’EPHE - PSL, partant de zéro, l’univers des possibles est immense, le défi consiste principalement à garder le cap et à ne pas se disperser avec des opérations risquées. Il reste encore du chemin à parcourir avant d’atteindre les 100% de l’objectif, puis la taille critique qui permettra de consacrer davantage de temps à fidéliser les mécènes qu’à aller en chercher de nouveau. Et je suis convaincue que l’École est prête à le relever pour les années qui viennent.

 

En guise de conclusion, j’aimerais partager un commentaire de Daniel Jutras, recteur de l’université de Montréal, qui résume parfaitement ce qu’est une démarche mécénat et tout le bénéfice qu’un établissement peut en tirer : « Il faut le dire, parce qu’on affirme parfois le contraire : la philanthropie, peu importe son échelle, n’accorde jamais aux donateurs un pouvoir d’ingérence dans la vie scientifique. Des règles strictes font en sorte qu’elle s’inscrit toujours dans le respect du principe fondamental de liberté académique. Et il faut aussi rappeler que la philanthropie ne se substitue absolument pas au financement public. Elle permet, non pas de mieux faire ce qu’on fait déjà, mais bien de faire autre chose, de rêver un peu et de sortir de notre ordinaire. C’est un complément essentiel à la réalisation de projets que nous choisissons, par lesquels nos étudiants et nos chercheurs peuvent déployer leur plein potentiel. C’est aussi un socle à partir duquel nos établissements pourront rivaliser avec les meilleurs au monde. »

 

Collecter des fonds

 

En participant aux projets de l’EPHE – PSL vous contribuez à :
• Soutenir nos ambitions d’excellence et d’innovation
• Renforcer notre recherche dans des disciplines rares
• Accompagner nos étudiants vers la réussite
• Valoriser notre patrimoine
• Favoriser nos liens avec le monde socio-économique

 

Comment nous soutenir et de quelles façons ?
• Faire un don en ligne sur le site ephe.psl.eu rubrique « nous soutenir » ou par chèque à l’ordre de "Fonds de Dotation de l’EPHE" à retourner à EPHE Mécénat, 4-14 rue Ferrus, 75 014 Paris
• Devenir ambassadeur de l’École auprès de votre entourage

 

En pratique
• Votre don vous permet de bénéficier des déductions fiscales en vigueur
• Notre fonds de dotation est habilité à recevoir dons, legs, assurances-vie et donations

 

Les projets financés à ce jour
• Roshan Cultural Heritage Institute : don en capital pour ouvrir un centre d’études persanes, unique en Europe
• Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE pour la vitalité artistique : financement complet du projet Auber-Scribe portant sur la mise en lumière d’un patrimoine lyrique méconnu, celui d’Auber et Scribe
• Allianz Outre-Mer : soutien aux jeunes accueillis en service civique au Te Fare Natura, et aux étudiants polynésiens qui suivent le parcours académique de l’EPHE - PSL à Moorea
• Programme mécénat santé des mutuelles AXA : accompagnement sur trois ans d’un projet de recherche sur la motricité du nourrisson
• Campagne de soutien aux étudiants russes et ukrainiens en difficulté financière